Dans un secteur minier souvent pointé du doigt pour ses impacts environnementaux et sociaux, Eramet Grande Côte (GCO) ambitionne de se démarquer. Lors d’une visite organisée le 23 juillet 2025 par l’Association des Journalistes pour la Transparence dans les Ressources Extractives (AJTREPE) sur son site industriel de Diogo, dans la région de Thiès, l’entreprise a dévoilé une approche innovante : réhabiliter et restituer les terres au fil de l’exploitation, bien avant l’épuisement de sa concession.
Depuis 2014, Eramet Grande Côte extrait du zircon sur une bande dunaire de 106 km entre Thiès et Louga. Contrairement aux mines à ciel ouvert traditionnelles, GCO opère une mine itinérante, avancée par une drague géante et une usine flottante. « En dix ans, nous avons progressé de 35 km. Cette mobilité nous oblige à penser la réhabilitation dès le départ », explique Frédéric Zanclan, directeur général de Eramet Grande Côte (GCO). Une fois les minéraux lourds extraits, le sable est immédiatement remis en place, suivi d’une revégétalisation parfois enrichie par les suggestions des communautés locales.
À ce jour, 85 hectares ont été réhabilités et restitués à l’État sénégalais, et 1 000 autres hectares sont prêts à l’être. « Tout est en place pour aller plus loin », assure M. Zanclan, une promesse rare dans un secteur où la réhabilitation intervient souvent tardivement, sans garantie de suivi.
GCO met en avant un dialogue constant avec les parties prenantes. En 2025, 34 réunions publiques ont mobilisé plus de 4 000 personnes, incluant activistes, maires, préfets, chefs de villages, jeunes et femmes. « Chaque engagement est consigné dans un procès-verbal. Ce ne sont pas des paroles en l’air », insiste le directeur général.
Sur le plan des indemnisations, GCO va au-delà des exigences légales. Un hectare affecté est indemnisé à hauteur de 3,5 millions FCFA, contre 750 000 FCFA selon le barème national. Cependant, la restitution des terres aux populations reste encadrée par la loi. « Ce sont des terres de l’État. Sans réforme juridique, nous ne pouvons pas les redistribuer directement », précise M. Zanclan, tout en se disant prêt à soutenir un plaidoyer pour une telle réforme.
Pour les populations déplacées, GCO prône une « relocalisation améliorée ». L’entreprise rejette les accusations de déguerpissement : « Nous relogeons dans des villages modernes avec écoles, points de santé, électricité solaire et lieux de culte », affirme le directeur général. Un exemple concret : l’ouverture en 2024 d’un poste de santé dans un village de recasement, où plusieurs naissances ont été enregistrées.
Avec 3 000 emplois directs et indirects, dont 98 % occupés par des Sénégalais, et une contribution annuelle de 90 à 100 milliards FCFA à l’économie nationale, Eramet Grande Côte (GCO) se positionne parmi les cinq premières entreprises minières du Sénégal. En 2024, 253 milliards FCFA ont été injectés dans l’économie locale via des achats et sous-traitances.
Sur le plan environnemental, l’entreprise se veut exemplaire. « Nous utilisons 9 millions de m³ d’eau sur les 16 millions autorisés, et plus de 60 % est recyclé », souligne M. Zanclan, répondant aux préoccupations sur la gestion de cette ressource sensible.
La visite organisée par l’AJTREPE a permis aux journalistes de mieux comprendre les pratiques d’Eramet Grande Côte. Si des défis persistent, notamment en matière de communication avec les communautés locales, le modèle de réhabilitation anticipée et l’engagement économique de l’entreprise pourraient inspirer le secteur extractif africain. Dans un contexte où la transparence et la durabilité sont de plus en plus exigées, GCO tente de tracer une voie nouvelle, non sans obstacles.