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ANALYSES

Comment le Sénégal veut-il financer sa transition énergétique ?

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D’ici 2030, le Sénégal compte porter sa production de gaz naturel liquéfié (GNL) à 10 millions de tonnes par an, dans la perspective de réinvestir une grande partie des recettes attendues dans le développement des énergies renouvelables. Initiative louable pour le pays, mais porteur de risques pour les autres.

Actuellement, près de 30 % du mix énergétique sénégalais vient des énergies renouvelables. Mais faute de moyens financiers, le pays doit trouver de nouvelles ressources pour financer ses projets ambitieux dans ce domaine. Cela lui permettra à la fois de sortir sa dépendance aux énergies fossiles qu’il importe, jusqu’ici, de l’étranger, et d’en devenir, à l’avenir, exportateur, comme le souhaite le gouvernement sénégalais.

Ainsi, après la découverte de grands gisements de gaz sur leur territoire, les autorités sénégalaises comptent sur les recettes que devraient engranger cette ressource pour les réinjecter dans les énergies renouvelables. Une situation perverse, dès lors que les énergies destinées à l’exportation, dont essentiellement le GNL, sont aussi polluantes pour le reste de la planète. Le Sénégal est peut-être tenté de reproduire l’exemple norvégien. Grand producteur de gaz et pétrole, l’état scandinave est également très investi dans la transition énergétique.

2,5 millions de tonnes de GNL/an

On sait d’ores et déjà que le projet d’exploitation gazier offshore de la plateforme de la Grande Tortue Ahmeyim (GTA) produira, d’ici trois mois, 2,5 millions de tonnes de GNL par an. D’ici 2030, la compagnie pétrolière British Petroleum (BP), qui détient 62 % du projet, prévoit une production de 10 millions de tonnes de GNL. La production du pétrole serait de l’ordre de 100 000 barils par jour, soit environ 5 millions de tonnes par an.

Situé sur la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie, ce gisement est exploité conjointement depuis 2020 par les deux pays voisins. Le Sénégal compte sur ces découvertes pour se placer sur l’échiquier gazier international, à l’aune des grandes pénuries d’énergies causées successivement par la pandémie et la guerre en Ukraine. Le Sénégal fait partie, en effet, des pays qui souhaiteraient profiter de la forte hausse de la demande en énergie exigée par la relance économique.

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L’Europe intéressée par le gaz sénégalais ?

L’Allemagne et la Pologne, deux pays européens pressés de pallier leurs déficits actuels, ont déjà fait des demandes au Sénégal. La question est de savoir si ces dernières sont susceptibles d’aider ce pays africain à réaliser ses objectifs énergétiques. Pour les responsables sénégalais, les nouvelles recettes peuvent contribuer à la mise en place d’un réseau électrique plus stable en réduisant le coût de l’électricité de 50 %, d’ici 2030. Une telle perspective peut, à la longue, permettre une réduction du nombre de centrales à fioul lourd (HFO) énergivores et polluantes et l’installation de nouvelles centrales à base d’énergies vertes (éoliennes, solaires, hydroélectriques…)

Il faut savoir que le Sénégal a, de l’avis des observateurs avertis, une longueur d’avance par rapport aux autres pays du Continent en matière d’investissement dans le domaine des énergies renouvelables. Sa stratégie est axée sur un projet phare : le Plan Sénégal émergent (PSA). Lancé en 2016, celui-ci a atteint, au bout de quatre ans, 220 MW, grâce à la mise en exploitation d’une dizaine de centrales photovoltaïques et de la centrale éolienne de Taïba Ndiaye (près de Dakar) pour une puissance de 50 MW. Selon des statistiques officielles, cette dernière, a augmenté de 15 % la production d’électricité du pays, et lui a épargné le rejet de 300 000 tonnes de CO2 par an.

Mussa ACHERCHOUR

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