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Comment un plan énergétique de 120 milliards de $ place l’Afrique aux commandes de son avenir

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Comment un plan énergétique de 120 milliards de $ place l’Afrique aux commandes de son avenir

Lors du sommet de l’Association internationale de développement (IDA) de la Banque mondiale, tenu à Nairobi, une initiative ambitieuse a été mise en lumière : le lancement de l’Africa Energy Bank (AEB). Dotée d’un financement potentiel de 120 milliards de dollars, cette institution vise à redonner à l’Afrique le contrôle de son destin énergétique, en finançant des projets pétroliers, gaziers et, à terme, renouvelables. Face à la baisse des investissements dans les combustibles fossiles et aux défis de la dette, ce projet pourrait redéfinir le paysage énergétique du continent.

L’AEB, dont le siège est prévu à Lagos, au Nigeria, ambitionne de combler le vide laissé par le retrait progressif des financements internationaux dans les énergies fossiles. Alors que les politiques climatiques mondiales poussent vers une transition verte, de nombreux pays africains restent dépendants du pétrole et du gaz pour répondre à leurs besoins énergétiques croissants. « Les leaders africains ont le droit de définir leur propre politique énergétique », a martelé un haut responsable lors du sommet, soulignant la nécessité d’une approche adaptée aux réalités locales.

Le plan de 120 milliards de dollars, soutenu par des contributions initiales de pays comme le Nigeria et l’Afrique du Sud, ainsi que par des partenaires privés, vise à financer des projets d’envergure, tels que le gazoduc Nigeria-Maroc ou l’exploitation des réserves offshore du Mozambique. À plus long terme, l’AEB prévoit d’investir dans les énergies renouvelables, alignant les priorités économiques immédiates avec les objectifs de durabilité.

La création de l’AEB répond à une frustration croissante face aux institutions financières mondiales, souvent critiquées pour leurs conditions strictes et leur réticence à soutenir les énergies fossiles. Avec une population en pleine expansion – plus de 2,5 milliards d’habitants prévus d’ici 2050 – et une demande énergétique qui explose, l’Afrique ne peut se permettre d’attendre. Le continent, riche en ressources comme le gaz naturel, le soleil et le vent, voit dans cette banque un outil pour mobiliser des capitaux internes et réduire sa dépendance aux prêts étrangers.

En 2023, les investissements dans les énergies fossiles en Afrique ont chuté de 20 %, selon des estimations du secteur, tandis que les projets renouvelables peinent à attirer des fonds suffisants. L’AEB entend inverser cette tendance en offrant des financements flexibles et en facilitant les partenariats public-privé.

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Si le pétrole et le gaz dominent le programme à court terme, l’AEB ne ferme pas la porte aux énergies vertes. Des projets pilotes dans l’éolien au Kenya et le solaire au Maroc pourraient bénéficier de fonds dès 2027, marquant une transition progressive vers un mix énergétique diversifié. « Il s’agit de répondre aux besoins d’aujourd’hui tout en préparant l’avenir », a expliqué un représentant de l’AEB, insistant sur la nécessité d’une approche pragmatique.

Cette stratégie suscite néanmoins des débats. Certains observateurs craignent que l’accent mis sur les fossiles ne ralentisse la lutte contre le changement climatique, tandis que d’autres saluent une initiative qui donne à l’Afrique les moyens de ses ambitions.

Porté par une volonté politique affirmée lors du sommet de Nairobi, le projet de l’Africa Energy Bank redessine les contours de l’autonomie énergétique africaine. En mobilisant 120 milliards de dollars sur les prochaines décennies, l’AEB promet non seulement de sécuriser l’accès à l’énergie pour des millions d’Africains, mais aussi de repositionner le continent comme un acteur clé sur la scène énergétique mondiale. Reste à concrétiser ces ambitions dans un contexte de dettes élevées et de pressions internationales, un défi que l’Afrique semble prête à relever avec détermination.

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