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Congo : Le géant chinois Norinco renforce sa position sur les gisements de cuivre

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Congo : Le géant chinois Norinco renforce sa position sur les gisements de cuivre

China North Industries Corp (Norinco), géant chinois de l’industrie et de la défense, a proposé une révision stratégique de son offre d’achat des actifs de cuivre et de cobalt de Chemaf SA en République démocratique du Congo (RDC). Selon deux sources proches du dossier interrogées par Reuters, Norinco cherche à débloquer une impasse en augmentant la participation de l’État congolais dans les mines Mutoshi et Étoile, passant de 5 % à 15 % sans coût supplémentaire, sous réserve de négociations.

Initialement proposée en juin pour 1,4 milliard de dollars, l’offre de Norinco s’est heurtée à une contre-attaque de Gécamines, la société minière d’État congolaise, qui a soumis une offre non sollicitée pour les mêmes actifs. Ce bras de fer, exacerbé par les pressions américaines contre l’influence chinoise dans la riche ceinture de cuivre d’Afrique centrale, a retardé la transaction. Norinco, qui possède déjà les mines Comica et Lamikal en RDC, a désormais fait preuve de flexibilité en proposant une structure d’actionnariat ajustable, à condition de conserver une majorité.

Selon les sources, l’offre révisée inclut environ 900 millions de dollars pour l’acquisition des actifs de Chemaf, y compris le règlement de dettes, et 500 millions de dollars supplémentaires pour finaliser les projets d’expansion des mines Étoile et Mutoshi. Norinco a également suggéré que le gouvernement congolais reçoive une part proportionnelle du métal produit, à l’image d’un accord passé entre Gécamines et la société chinoise CMOC. Cette part pourrait être revendue par l’État, offrant ainsi une source de revenus supplémentaire.

Chemaf, partenaire historique du négociant suisse Trafigura, a transmis cette proposition au gouvernement congolais le mois dernier au nom de Norinco. Les discussions sont en cours, bien que ni Norinco ni Chemaf n’aient souhaité commenter officiellement.

Le processus reste cependant suspendu à l’approbation de Gécamines, qui détient le bail de la mine Mutoshi. En novembre, son président, Robert Lukama, avait défendu une offre concurrente d’environ 1 million de dollars, qu’il jugeait viable, tout en exprimant son opposition à un accord avec Norinco. Une lettre récente de Chemaf, consultée par Reuters, accuse toutefois Gécamines de bloquer délibérément la vente en ne proposant pas d’alternative crédible. Selon Chemaf, tout repreneur doit non seulement rembourser une dette de 920 millions de dollars, mais aussi investir 500 millions de dollars dans le développement des mines – des engagements que Norinco est prêt à honorer.

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La situation est d’autant plus pressante que les créanciers de Chemaf, dont Trafigura, First Bank et Trade & Development Bank, attendent des remboursements depuis 18 mois. L’offre de Norinco permettrait de débloquer immédiatement 920 millions de dollars pour ces derniers, ainsi que pour d’autres parties prenantes. Gécamines, en revanche, aurait admis ne pas disposer des fonds nécessaires pour financer l’acquisition et le développement des actifs, selon Chemaf.

Le ministre des Mines, Kizito Pakabomba, n’a pas répondu aux sollicitations, bien qu’il ait indiqué début février que le gouvernement cherchait à finaliser une acquisition. Ce dossier illustre les tensions croissantes autour des ressources stratégiques de la RDC, deuxième producteur mondial de cuivre et leader du cobalt, essentiel aux batteries électriques. Les États-Unis, soucieux de limiter l’emprise chinoise dans la région, observent de près ces négociations, tandis que Kinshasa jongle entre intérêts économiques et souveraineté.

Pour Norinco, cet ajustement tactique vise à apaiser les réticences locales tout en consolidant sa présence dans un secteur clé. Reste à savoir si cette nouvelle proposition suffira à convaincre Gécamines et le gouvernement congolais, ou si l’impasse persistera, au risque de fragiliser davantage Chemaf et ses créanciers.

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