Congo : Zijin Mining lancera la production de lithium début 2026

Le groupe minier chinois Zijin Mining Group Co. se prépare à débuter la production de lithium au cours du premier trimestre 2026 dans la région de Manono, située au sud-est de la République démocratique du Congo (RDC). Ce site est l’un des plus importants gisements de lithium au monde, une ressource clé pour les batteries utilisées dans les véhicules électriques et le stockage d’énergie.

Le projet Manono marque une étape majeure pour la RDC, premier fournisseur mondial de cobalt et deuxième producteur de cuivre, qui se positionne désormais comme un acteur de poids dans l’industrie du lithium. Avec une teneur moyenne en oxyde de lithium de 1,51 %, le gisement est qualifié d’« actif considérable » par Zijin.

Le groupe chinois, qui opère dans le cadre d’une coentreprise avec l’État congolais, prévoit une mise en production progressive. L’usine commencera par exporter du concentré de lithium et du sulfate, avec des ambitions d’intégrer des opérations de raffinage une fois les infrastructures énergétiques renforcées. Une installation hydroélectrique voisine a déjà été réhabilitée pour répondre à ces besoins.

Cependant, le projet est au centre d’un conflit juridique avec la société australienne AVZ Minerals Ltd., qui revendique la propriété de la licence d’exploration sur une partie du site. AVZ accuse le gouvernement congolais d’avoir attribué illégalement la zone nord du permis à Zijin en 2023, en violation de plusieurs injonctions d’arbitrage international.

Selon AVZ, Manono représente le plus grand gisement de lithium de roche dure au monde. L’entreprise australienne a également été visée récemment par une enquête de la police fédérale pour des allégations de corruption, accusations qu’elle dément fermement.

Zijin, de son côté, affirme être en « totale conformité » avec les réglementations locales et se concentre sur le développement du projet. La société a refusé de communiquer ses objectifs précis de production, mais des estimations antérieures suggèrent un potentiel compétitif face à des géants australiens comme Greenbushes et Goulamina, récemment inauguré au Mali.

Le projet Manono s’inscrit dans une stratégie plus large des entreprises chinoises, qui investissent massivement dans les ressources africaines en lithium, malgré une chute des prix de près de 90 % depuis 2022. Ces investissements visent à garantir un approvisionnement stable pour répondre à la demande croissante de batteries, particulièrement en Chine.

« Bien que l’offre actuelle semble excédentaire à court terme, la demande mondiale de véhicules électriques et de solutions de stockage d’énergie offre des opportunités à long terme », a déclaré Zijin dans un communiqué récent.

Avec la mise en production de Manono, la RDC pourrait devenir un acteur clé sur le marché du lithium, aux côtés de l’Australie, premier producteur mondial. Toutefois, l’impact des tensions juridiques et des incertitudes liées à la gouvernance locale reste à surveiller.

Le ministère congolais des Mines n’a pas commenté ces développements. Pendant ce temps, la course au lithium en Afrique continue de remodeler les dynamiques mondiales de l’approvisionnement en métaux stratégiques.

Ce projet, qui allie opportunités économiques et enjeux géopolitiques, pourrait renforcer la position de la RDC et de la Chine dans la chaîne d’approvisionnement mondiale des batteries. Reste à voir si les différends en cours pourront être résolus sans perturber le calendrier de développement.