Côte d’Ivoire : TotalEnergies cède ses parts dans la SIR à des investisseurs africains

Dans un mouvement stratégique qui redéfinit le paysage énergétique de l’Afrique de l’Ouest, TotalEnergies a annoncé la cession de l’intégralité de ses parts dans la Société Ivoirienne de Raffinage (SIR) à Sahara Energy, un géant nigérian de l’énergie. Cette transaction, évaluée à environ 200 millions d’euros, propulse Sahara Energy au rang de deuxième actionnaire de la SIR, avec une participation de 27,33% du capital. Cette opération marque un tournant historique, car elle élimine tout actionnaire non africain de la SIR, renforçant ainsi l’autonomie énergétique de la région.

TotalEnergies, présent dans le capital de la SIR depuis plusieurs décennies, a décidé de se retirer dans le cadre d’une reconfiguration stratégique globale. Ces dernières années, le groupe français a accéléré sa transition vers les énergies renouvelables et réduit ses investissements dans les raffineries africaines. Ce désengagement reflète également une volonté de se repositionner sur des marchés jugés plus rentables ou mieux alignés avec ses nouvelles priorités énergétiques.

« Cette décision s’inscrit dans notre stratégie de recentrage sur les énergies renouvelables et les marchés à plus forte croissance », a déclaré un porte-parole de TotalEnergies. « Nous restons engagés en Afrique, mais nous adaptons notre portefeuille pour répondre aux défis énergétiques de demain. »

Avec cette acquisition, Sahara Energy consolide sa position de leader sur le marché pétrolier régional. Fondée en 1996 par Shonubi, Tonye Cole et Ade Odunsi, la société nigériane s’est imposée comme l’un des plus grands groupes énergétiques du continent, avec des activités allant du négoce pétrolier à la production d’électricité. Présent dans plus de 40 pays, Sahara Energy génère un chiffre d’affaires annuel de 10 milliards de dollars et emploie plus de 4 000 personnes.

« Cette acquisition est une étape majeure dans notre stratégie d’expansion en Afrique de l’Ouest », a déclaré Tonye Cole, co-fondateur de Sahara Energy. « Nous sommes déterminés à jouer un rôle clé dans le développement des infrastructures énergétiques de la région et à renforcer l’autonomie énergétique de l’Afrique. »

La SIR, longtemps en proie à des difficultés financières, a connu une remontée spectaculaire ces dernières années. Après une période de crise entre 2014 et 2016, l’entreprise a retrouvé une rentabilité impressionnante. En 2022, elle a enregistré un bénéfice record de 125 milliards de FCFA, soit une augmentation de 400% par rapport à l’année précédente. En 2023, la SIR a confirmé la solidité de son modèle économique avec un bénéfice de 95,35 milliards de FCFA.

« La SIR est devenue l’une des entreprises publiques les plus rentables de Côte d’Ivoire », a déclaré un analyste financier local. « Cette performance, couplée à l’arrivée de Sahara Energy, renforce la position de la SIR comme pilier stratégique de l’économie ivoirienne et du secteur pétrolier régional. »

Cette transaction marque un pas important vers une plus grande indépendance énergétique pour l’Afrique de l’Ouest. En plaçant la SIR sous le contrôle d’un acteur africain, cette opération pourrait accélérer les synergies entre les marchés pétroliers ivoirien et nigérian, et favoriser des investissements stratégiques dans les infrastructures énergétiques régionales.

« Cette transaction est un signal fort pour l’autonomie énergétique africaine », a déclaré un expert en énergie. « Elle montre que les entreprises africaines sont capables de prendre en main leur destin énergétique et de réduire leur dépendance vis-à-vis des multinationales occidentales. »

Alors que l’Afrique cherche à maîtriser ses ressources naturelles et à réduire sa dépendance aux multinationales occidentales, cette opération marque peut-être le début d’une nouvelle ère dans le secteur énergétique africain. Avec Sahara Energy à la barre, la SIR est bien placée pour jouer un rôle clé dans cette transformation.