Dans un élan décisif pour la transition énergétique du Sénégal, le Fonds Souverain d’Investissements Stratégiques (FONSIS) a officiellement lancé le Fonds pour les Énergies Renouvelables et l’Efficacité Énergétique (REEF). Doté d’une enveloppe initiale de 135 milliards de FCFA, ce mécanisme vise à catalyser des investissements massifs dans les projets verts, contribuant ainsi à la réduction des émissions de CO2 et à une croissance inclusive et durable.
Le FONSIS, créé en 2012 par la loi n° 2012-34 pour accélérer la transformation économique du pays, positionne le REEF comme un pilier stratégique de sa stratégie. Ce fonds innovant s’inscrit dans la continuité des engagements nationaux en matière de développement durable, alignés sur les objectifs de l’Accord de Paris et les priorités du Plan Sénégal Émergent (PSE). À terme, le REEF ambitionne de mobiliser un total de 370 milliards de FCFA, en partenariat avec des institutions internationales de premier plan telles que la Banque Africaine de Développement (BAD) et l’Institut Mondial pour la Croissance Verte (GGGI).
L’annonce intervient à un moment clé pour le Sénégal, où la demande en énergie ne cesse de croître tandis que les ressources fossiles pèsent sur le bilan carbone du pays. Le REEF cible spécifiquement les barrières financières qui freinent les initiatives privées dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. Parmi les secteurs prioritaires figurent les centrales solaires et éoliennes, les systèmes de stockage d’énergie, ainsi que les programmes d’optimisation énergétique dans l’industrie et les bâtiments.
« Ce fonds représente une opportunité majeure pour le Sénégal de capter des financements verts et de soutenir les petites et moyennes entreprises (PME) innovantes dans le secteur des renouvelables », a déclaré Serigne Diakhou Mpa, directeur exécutif chargé de la levée de fonds au FONSIS, lors de la cérémonie de lancement. Il a ajouté que la première phase du projet, initiée en 2017, avait déjà permis de sécuriser 50 millions de dollars US (environ 28 milliards FCFA), avec un objectif intermédiaire de 200 millions de dollars d’ici deux ans.
Le lancement du REEF s’appuie sur des partenariats solides. Récemment, en décembre 2023, le FONSIS a signé une convention avec l’African Climate Foundation (ACF), facilitée par le GGGI, pour une subvention de 100 000 dollars US dédiée aux études de marché et à la structuration du fonds. Ces collaborations internationales renforcent la crédibilité du mécanisme et ouvrent la voie à des investissements additionnels de la part d’investisseurs privés et multilatéraux.
Au-delà de son volet financier, le REEF promet des retombées socio-économiques significatives. Il devrait favoriser la création d’emplois verts – estimés à plusieurs milliers dans les phases de construction et d’exploitation – et stimuler l’innovation locale. Par exemple, des projets pilotes comme la centrale solaire de Ten Mérina (30 MW, financée à hauteur de 28 milliards FCFA) illustrent le potentiel du modèle : production d’énergie à un tarif compétitif de 25 FCFA par kWh, en partenariat public-privé (PPP) avec l’IFC (International Finance Corporation).
Dans un contexte où le Sénégal vise à porter la part des renouvelables à 40 % de son mix énergétique d’ici 2035, ce fonds apparaît comme un accélérateur essentiel. Il répond aux défis posés par la volatilité des prix des hydrocarbures et aux impératifs climatiques, tout en alignant les investissements sur les critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance).
Le gouvernement sénégalais, par la voix du ministère de l’Énergie, a salué cette initiative comme un « levier pour la souveraineté énergétique ». Cependant, des défis subsistent : la nécessité de former des compétences locales en technologies vertes et d’atténuer les risques perçus par les investisseurs, notamment dans un environnement réglementaire en évolution.
Avec ce lancement, le FONSIS réaffirme son rôle de catalyseur économique, ayant déjà investi dans plus de 50 projets stratégiques pour un montant cumulé dépassant les 1 000 milliards FCFA. Le REEF pourrait bien marquer un tournant dans la quête d’un Sénégal résilient face au changement climatique.