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Ghana : John Dramani Mahama s’attaque à la réforme de l’orpaillage avec le Goldbod

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Ghana : John Dramani Mahama s’attaque à la réforme de l’orpaillage avec le Goldbod

Le président ghanéen John Dramani Mahama, récemment réélu, a lancé une initiative ambitieuse pour restructurer le secteur de l’orpaillage, un pilier économique souvent marqué par l’illégalité et les défis environnementaux. Le chef de l’État a créé le Goldbod, une nouvelle structure chargée de réorganiser la filière aurifère, avec un accent particulier sur les petites mines. Pilotée par Sammy Gyamfi, chef de la communication du National Democratic Congress (NDC), cette organisation vise à instaurer une gestion plus transparente et durable, mais elle fait déjà face à des interrogations sur son financement et ses prérogatives.

Le Ghana, deuxième producteur d’or d’Afrique, tire une part significative de ses revenus de l’exploitation aurifère, notamment via les petites mines artisanales qui emploient des milliers de personnes. Cependant, l’orpaillage illégal, connu localement sous le nom de « Galamsey », a engendré des problèmes majeurs : déforestation, pollution des rivières par le mercure, et conflits sociaux. Mahama, qui avait déjà tenté de réguler ce secteur lors de son premier mandat (2012-2017), semble déterminé à faire de la réforme de l’orpaillage une priorité de son nouveau quinquennat.

Le Goldbod, créé peu après l’investiture de Mahama en janvier 2025, a pour mission de structurer la filière, en encadrant les activités des mineurs artisanaux et en favorisant la transformation locale de l’or. L’objectif est double : maximiser les retombées économiques pour le pays et limiter les impacts environnementaux. Mais dès ses débuts, l’organisation se heurte à des obstacles. Les questions de financement, cruciales pour soutenir les petites mines dans leur transition vers des pratiques durables, restent en suspens. De plus, des incertitudes planent sur les prérogatives du Goldbod, notamment en matière de raffinage local, un domaine où le Ghana accuse un retard chronique.

Sammy Gyamfi, figure influente du NDC et proche de Mahama, a été nommé à la tête du Goldbod pour piloter cette réforme. Cependant, des observateurs s’interrogent sur la capacité de cette structure à s’imposer face aux réseaux d’orpaillage illégal, souvent soutenus par des acteurs puissants. Les précédentes tentatives de régulation, y compris sous Mahama, ont été entravées par un manque de moyens et de volonté politique pour s’attaquer aux racines du problème, comme la corruption et l’absence d’alternatives économiques pour les mineurs.

Mahama, qui a bâti une partie de sa campagne sur la promesse d’une économie plus inclusive, mise sur le Goldbod pour redorer l’image du secteur aurifère ghanéen. Mais la tâche s’annonce ardue dans un contexte où les prix élevés de l’or attirent toujours plus d’orpailleurs illégaux, et où les communautés locales, dépendantes de cette activité, craignent une répression aveugle.

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Cette initiative intervient alors que d’autres pays ouest-africains, comme le Mali et le Burkina Faso, renforcent également leurs efforts pour mieux encadrer l’orpaillage. Le Ghana, qui dispose d’un savoir-faire historique dans l’exploitation de l’or, pourrait se positionner comme un leader régional en matière de pratiques durables, à condition de relever les défis financiers et logistiques du Goldbod. Par ailleurs, la pression internationale pour des chaînes d’approvisionnement éthiques et respectueuses de l’environnement – notamment de la part de l’Union européenne – pourrait contraindre le gouvernement à accélérer ses réformes.

Avec le Goldbod, John Dramani Mahama joue une carte majeure pour transformer un secteur vital mais controversé. La réussite de cette réforme dépendra de sa capacité à mobiliser des fonds, à impliquer les communautés locales et à briser les réseaux illégaux, tout en évitant les écueils qui ont freiné les initiatives passées.

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