Guinée : Lancement des travaux de construction de l’usine de raffinerie d’alumine a Boffa

Le Parc Industriel Verga, géré par la State Power Investment Corporation (SPIC), a été le théâtre d’une cérémonie marquante : le lancement officiel des travaux de construction de la première raffinerie d’alumine de l’histoire de la Guinée indépendante. Présidée par le Premier ministre Amadou Oury Bah, cette inauguration a réuni des figures de proue du gouvernement guinéen, dont Djiba Diakité, président du comité stratégique de l’accord cadre sino-guinéen, le Général Amara Camara, ministre secrétaire général du gouvernement, ainsi que plusieurs autres membres du cabinet ministériel.

Située dans la sous-préfecture de Doupourou, préfecture de Boffa, cette infrastructure d’envergure s’inscrit dans une vision ambitieuse : faire de la Guinée un pays qui transforme ses ressources sur place, rompant ainsi avec son statut historique d’exportateur de matières premières brutes. Porté par SPIC, un géant chinois du secteur minier et énergétique, ce projet structurant promet de redéfinir le paysage économique et industriel guinéen.

Le ministre des Mines et de la Géologie, Bouna Sylla, a détaillé les contours de cette initiative. « Ce projet vise une production annuelle de 1,2 million de tonnes d’aluminium. Il inclut la construction d’une centrale thermique de 250 MW, dont 100 MW seront injectés dans le réseau public, ainsi que des infrastructures auxiliaires : transport de minerais, réservoirs d’eau, zone de stockage des boues rouges, et approvisionnement en eau. Le port existant sera également modernisé avec un quai de 12 000 tonnes pour répondre aux besoins d’expédition de 15 millions de tonnes de bauxite et 1,2 million de tonnes d’aluminium par an », a-t-il expliqué. Implantée dans la zone industrielle de Cap-Verga-Bel-Air sur 33 hectares, cette raffinerie marque une étape décisive dans l’industrialisation du pays.

Liu Ming Cheung, PDG de SPIC, a réaffirmé l’engagement de son entreprise envers la Guinée. « Nous établirons un centre de formation professionnelle pour les employés guinéens et les jeunes des communautés locales. Ce projet est une opportunité pour moderniser la Guinée aux côtés du gouvernement et des partenaires industriels. Nous nous engageons à livrer la deuxième phase dans les délais, avec une qualité exemplaire, pour transformer les ressources locales en un levier de développement durable », a-t-il déclaré. SPIC ambitionne ainsi de faire de cette raffinerie un modèle de coopération sino-guinéenne, en phase avec l’initiative « Ceinture et Route » et les conclusions du Sommet Chine-Afrique de Beijing.

Représentant le président Mamadi Doumbouya, Djiba Diakité a saisi l’occasion pour adresser un message ferme aux sociétés minières opérant en Guinée. « Les entreprises n’ont plus d’excuse pour ne pas construire leurs raffineries, comme le stipule le Code minier. L’État prendra toutes ses responsabilités pour faciliter ces projets, mais les partenaires industriels doivent respecter leurs engagements. Ce projet illustre parfaitement que la transformation locale n’est pas une fatalité », a-t-il martelé. Cette injonction vise à accélérer la création d’un « corridor de prospérité » à travers la valorisation des minerais guinéens.

Prévue pour entrer en service en juin 2028 après trois ans de travaux, la raffinerie générera des bénéfices significatifs : environ 100 millions de yuans (RMB) de recettes fiscales annuelles, 600 emplois directs et des milliers d’opportunités indirectes, ainsi qu’un transfert de compétences via la formation et la « guinéanisation » des postes clés. Les relations avec les communautés locales seront également renforcées, avec un accent mis sur la paix sociale.

Ce mégaprojet s’inscrit dans une dynamique plus large de renforcement des liens économiques et technologiques entre la Chine et l’Afrique. SPIC prévoit d’intensifier ses investissements en Guinée, notamment dans les énergies propres et les infrastructures, avec l’ambition de faire de cette raffinerie un symbole de collaboration de haute qualité. Alors que la Guinée tourne une page de son histoire économique, cette initiative pourrait bien poser les bases d’un avenir industriel prospère et durable.