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Guinée : Révocation de 129 permis miniers dans une volonté d’assainir le secteur

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Guinée : Révocation de 129 permis miniers dans une volonté d’assainir le secteur

Dans un communiqué, le gouvernement guinéen a annoncé la révocation de 129 permis d’exploration minière, marquant une nouvelle étape dans sa stratégie de renforcement de la gouvernance du secteur minier. Cette décision, qui concerne principalement des projets aurifères, vise à recentrer les activités sur des investisseurs démontrant un engagement sérieux envers le développement économique du pays.

Selon un haut responsable du ministère des Mines, s’exprimant sous couvert d’anonymat auprès de Reuters, les permis révoqués étaient majoritairement inactifs ou sous-exploités. Les actifs associés à ces permis sont désormais revenus sous le contrôle de l’État. Cette mesure s’inscrit dans une démarche plus large visant à optimiser l’exploitation des vastes ressources naturelles guinéennes, notamment la bauxite, dont le pays détient les plus grandes réserves mondiales, essentielle à la production d’aluminium.

Pour renforcer la transparence et le contrôle réglementaire, le gouvernement a également numérisé l’ensemble du processus d’octroi des permis miniers. Cette initiative vise à réduire les inefficacités et à garantir une gestion plus rigoureuse du secteur, un enjeu crucial pour un pays dont l’économie dépend fortement des exportations minières.

Cette annonce fait suite à une première vague de révocations plus tôt ce mois-ci, où 51 permis miniers, couvrant des ressources telles que la bauxite, les diamants, le graphite, le minerai de fer et l’or, avaient déjà été annulés. Ces mesures témoignent de la détermination du gouvernement à réévaluer les engagements des investisseurs, dans un contexte où les tensions avec certaines sociétés minières étrangères se sont intensifiées.

Un cas emblématique concerne Guinea Alumina Corporation (GAC), filiale d’Emirates Global Aluminium (EGA). GAC a été mise en cause pour ne pas avoir respecté son engagement de construire une raffinerie d’alumine, un projet clé pour ajouter de la valeur localement à la bauxite extraite. En décembre 2024, l’entreprise a suspendu ses activités, laissant près de deux millions de tonnes de bauxite non traitées ou non exportées, ce qui a accentué les frictions avec les autorités guinéennes.

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Le ministre des Mines, Bouna Sylla, a réaffirmé l’ouverture du gouvernement à travailler avec des investisseurs respectueux de leurs obligations contractuelles. « Nous restons engagés à collaborer avec des partenaires crédibles, tout en veillant à ce que les intérêts de la Guinée et de ses citoyens soient prioritaires », a-t-il déclaré. Le processus d’examen des permis se poursuivra dans le respect de la législation nationale, tout en cherchant à équilibrer les attentes des parties prenantes.

La Guinée s’inscrit dans une dynamique régionale observée dans des pays comme le Niger, le Mali et le Burkina Faso. Ces nations adoptent des politiques visant à maximiser les retombées économiques de leurs ressources naturelles, en imposant des exigences plus strictes aux entreprises minières étrangères. Cette approche reflète une volonté croissante de retenir une part plus importante de la valeur générée par l’exploitation minière, au bénéfice des populations locales.

Si cette réforme ambitionne de renforcer la souveraineté économique de la Guinée, elle soulève également des interrogations quant à son impact sur les investissements étrangers. Les détails sur les conséquences pour les projets existants restent limités, mais la fermeté affichée par le gouvernement pourrait redéfinir les relations avec les acteurs du secteur minier. Dans un pays où la bauxite joue un rôle stratégique dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, notamment pour la Chine, les décisions prises à Conakry continueront d’être suivies de près.

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