La transition énergétique propulse la demande de gaz naturel à plus de 80 %

Alors que les préoccupations autour des émissions de gaz à effet de serre et des coûts persistent, le gaz naturel s’impose comme un acteur majeur du mix énergétique mondial pour les décennies à venir. Selon un récent rapport de Wood Mackenzie, ce combustible fossile restera essentiel dans la production d’électricité, les processus industriels et les transports, jouant un rôle de passerelle entre le charbon, encore dominant, et les énergies renouvelables en plein essor.

Le rapport révèle que la demande de gaz naturel a grimpé de 80 % au cours des 25 dernières années, représentant aujourd’hui près d’un quart de la consommation énergétique mondiale. Malgré l’essor de l’électrification et des renouvelables, ces derniers ne suffiront pas à répondre seuls à la croissance exponentielle des besoins énergétiques, notamment en Asie et en Europe. « Le gaz naturel offre une flexibilité et une fiabilité inégalées, tout en étant une alternative moins polluante au charbon, qui couvre encore 30 % des besoins mondiaux », souligne Wood Mackenzie.

En Asie du Sud-Est, des pays comme le Vietnam, l’Indonésie, la Malaisie et les Philippines prévoient d’ajouter jusqu’à 180 GW de centrales au gaz d’ici 2050 pour accompagner leur développement économique. En Chine et en Inde, la demande devrait croître de 95 milliards de mètres cubes sur la même période, offrant une solution pragmatique pour réduire la dépendance au charbon. Cependant, les prix élevés du gaz naturel liquéfié (GNL) freinent son adoption massive. Sans une taxe carbone de 100 dollars par tonne, le charbon risque de rester plus compétitif dans de nombreux marchés asiatiques.

Au-delà de son rôle dans la production d’électricité, le gaz naturel ouvre la voie à des innovations à faible émission. Le captage et le stockage du carbone (CSC) ainsi que l’hydrogène bleu – produit à partir de gaz naturel avec CSC – sont mis en avant comme des solutions prometteuses. Face au coût encore prohibitif de l’hydrogène vert, l’hydrogène bleu pourrait atteindre une capacité de production de 40 millions de tonnes d’ici 2050, selon les projections de WoodMac. Ces avancées technologiques positionnent le gaz comme un levier pour accélérer la décarbonation.

Malgré ces atouts, le gaz naturel reste controversé dans les débats climatiques. Qualifié de « mot sale » en raison de son statut de combustible fossile et des émissions de méthane tout au long de sa chaîne d’approvisionnement, il doit relever des défis de taille pour sécuriser son avenir. Le rapport insiste sur la nécessité de réduire ces émissions et de promouvoir des alternatives comme le biométhane ou l’e-méthane pour maintenir sa pertinence dans un monde visant la neutralité carbone.

Wood Mackenzie appelle les gouvernements à adopter une approche équilibrée, conciliant les objectifs de zéro émission nette avec la sécurité énergétique. « Si les renouvelables et les technologies émergentes ne suivent pas le rythme, le gaz restera une option incontournable », avertit le rapport. Une nouvelle vague d’approvisionnement en GNL, attendue dès 2026, pourrait également bouleverser la donne en rendant le gaz plus abordable et en consolidant son rôle de combustible de transition.

Le gaz naturel se trouve ainsi à la croisée des chemins : pilier stratégique pour répondre aux besoins énergétiques actuels et tremplin vers un avenir plus vert, il doit néanmoins surmonter ses limites environnementales et économiques. Dans un monde en quête d’équilibre entre développement et durabilité, son avenir dépendra autant des avancées technologiques que des choix politiques à venir. Pour Wood Mackenzie, une chose est claire : le gaz n’a pas dit son dernier mot.