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Le Gabon et la Guinée renforcent leurs ambitions en matière de fer malgré les difficultés de prix

Le Gabon et la Guinée intensifient leurs efforts pour devenir des acteurs majeurs de la production de minerai de fer en Afrique, malgré des prévisions de marché défavorables marquées par une surabondance de l’offre mondiale et une baisse prévue des prix. Selon le rapport « Perspectives des marchés des matières premières » de la Banque mondiale publié en avril 2025, le prix du minerai de fer devrait chuter à 95 dollars la tonne en 2025 et à 88 dollars en 2026, contre 120 dollars en 2023, sous l’effet de la faiblesse du secteur immobilier chinois, de la stagnation industrielle et de l’augmentation de l’offre en provenance d’Australie, du Brésil et de la Guinée.
En Guinée, le projet minier de Simandou, considéré comme l’un des plus grands gisements de minerai de fer inexploités au monde, reste au cœur des ambitions économiques du pays. Selon le Fonds monétaire international (FMI), ce projet pourrait augmenter le PIB réel de la Guinée de 26 % d’ici 2030, même en cas de baisse de 15 % des prix du minerai de fer. Le gouvernement guinéen table sur une production initiale de 60 millions de tonnes en 2026, avec un objectif de 120 millions de tonnes dès 2027.
Malgré les perspectives de prix moroses, la Guinée voit dans Simandou une opportunité à long terme pour diversifier son économie et renforcer ses infrastructures. Les investissements dans les chemins de fer et les ports nécessaires à l’exportation du minerai devraient également stimuler le développement régional, bien que des défis logistiques et financiers persistent.
Au Gabon, le gouvernement cherche à réduire sa dépendance au manganèse, qui représentait 40 % des exportations en 2022 et contribuait à 6 % du PIB, en développant son secteur du minerai de fer. En mars 2025, l’entreprise australienne Genmin a signé un accord minier avec les autorités gabonaises pour le projet Baniaka, situé dans le sud-est du pays. Genmin prévoit de lancer la production en 2026, après avoir sécurisé des financements et signé des accords de préachat avec des sidérurgistes chinois, incluant des options de prêts ou de paiements anticipés.
Le projet Baniaka vise à positionner le Gabon comme un nouvel acteur dans le marché du fer, diversifiant ainsi son portefeuille minier et réduisant sa vulnérabilité aux fluctuations des prix du manganèse. Cependant, le développement du projet repose sur la capacité de Genmin à mobiliser des capitaux dans un contexte de marché difficile.
Les ambitions du Gabon et de la Guinée s’inscrivent dans un contexte de défis majeurs pour l’industrie du minerai de fer. BMI, une unité de Fitch Solutions, prévoit une chute des prix à 78 dollars la tonne d’ici 2033, en raison de l’augmentation de l’offre mondiale. Cette surabondance est exacerbée par l’entrée en production de nouvelles mines, notamment en Afrique, où des pays comme la Mauritanie, le Libéria et l’Afrique du Sud sont déjà actifs. Ces producteurs ressentent d’ores et déjà les effets des fluctuations de prix et de l’offre excédentaire.
À titre d’exemple, le géant brésilien Vale, leader mondial du secteur, a vu son EBITDA chuter de 22 % en 2024, à 15,4 milliards de dollars, avec une baisse de 40 % de ses bénéfices au quatrième trimestre. L’arrivée de nouvelles mines africaines, comme Simandou et Baniaka, risque d’accroître la pression sur la rentabilité des producteurs existants, tout en réduisant les marges des nouveaux entrants.
Pour le Gabon et la Guinée, les projets de minerai de fer représentent à la fois une opportunité économique transformative et un pari risqué. Une baisse prolongée des prix pourrait limiter les recettes fiscales et comprimer les bénéfices des compagnies minières, affectant leur capacité à financer les infrastructures nécessaires. En Guinée, le projet Simandou est également confronté à des défis logistiques, notamment la construction d’un chemin de fer de 650 km pour relier le gisement au port de Morebaya, un investissement estimé à plusieurs milliards de dollars.
Au Gabon, le projet Baniaka dépend de la capacité de Genmin à sécuriser des financements dans un climat d’incertitude. Toutefois, les accords avec les sidérurgistes chinois offrent une certaine stabilité, en garantissant un marché pour la production future.
Malgré les perspectives de marché difficiles, le Gabon et la Guinée restent déterminés à exploiter leurs ressources en minerai de fer pour stimuler leurs économies. Ces projets illustrent une ambition plus large de l’Afrique de tirer parti de ses richesses minérales pour financer le développement, tout en diversifiant ses sources de revenus. Cependant, leur succès dépendra de la capacité des deux pays à naviguer dans un marché mondial volatile, à mobiliser des investissements massifs et à gérer les impacts sociaux et environnementaux de ces mégaprojets.
En conclusion, alors que le Gabon et la Guinée se positionnent pour devenir des producteurs majeurs de minerai de fer, ils devront relever des défis économiques et logistiques de taille. Dans un contexte de surabondance mondiale, leur réussite reposera sur une planification stratégique et une exécution rigoureuse pour transformer leurs ambitions en retombées durables.
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