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Le Mali prend de plus en plus le contrôle de son secteur aurifère

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Le Mali prend de plus en plus le contrôle de son secteur aurifère

Depuis deux ans, le Mali adopte une posture de plus en plus affirmée dans la gestion de son secteur minier aurifère, pilier historique et économique du pays. Cette stratégie, marquée par une pression accrue sur les investisseurs étrangers, a récemment culminé avec la fermeture temporaire, mi-avril, du bureau de Barrick Gold à Bamako, en raison d’un litige fiscal. Ce développement illustre l’ambition du gouvernement malien de maximiser les retombées économiques de l’or, tout en soulevant des questions sur les relations avec les partenaires internationaux.

En 2024, les revenus tirés de l’or ont bondi de 40 %, atteignant 1,4 milliard de dollars. Cette hausse spectaculaire reflète les efforts du Mali pour renforcer le contrôle de ses ressources naturelles. L’or, qui représente 7 % du PIB et les trois quarts des exportations du pays, est un levier stratégique pour diversifier une économie historiquement dépendante de l’agriculture et du coton. À long terme, cette politique pourrait non seulement stabiliser l’économie malienne, mais aussi inspirer d’autres nations du Sahel et du continent africain.

L’association du Mali avec l’or remonte à des siècles, incarnée par la figure légendaire de Mansa Musa, empereur du XIVe siècle. Connu pour son pèlerinage extravagant à La Mecque, où il aurait distribué des quantités colossales d’or – estimées entre une demi-tonne et 20 tonnes selon les sources –, Mansa Musa a forgé une image d’opulence qui perdure. Aujourd’hui, avec des réserves estimées à 900 tonnes, principalement dans le sud et l’ouest du pays, le Mali se classe parmi les grands producteurs africains, aux côtés de l’Afrique du Sud, du Ghana, de la Tanzanie et du Soudan.

L’exploitation aurifère au Mali, initialement artisanale, a pris un tournant industriel après l’indépendance. Dans les années 1980, l’Union soviétique a joué un rôle déterminant en soutenant le lancement de la mine de Kalana, qui produisait 500 kg d’or par an, et en contribuant à la formation de géologues maliens via l’école nationale de géologie. Depuis les années 1990, les réformes du marché ont attiré des investisseurs étrangers, propulsant la production de 1 tonne en 1990 à 50 tonnes aujourd’hui. Des géants comme Barrick Gold (mine Loulo-Gounkoto) et Resolute Mining (mine Syama) dominent le secteur, bien que l’exploitation artisanale persiste, souvent entachée par des activités illégales comme la contrebande ou le financement de groupes armés.

Si la stratégie actuelle renforce les finances publiques, elle n’est pas sans risques. La pression exercée sur des acteurs comme Barrick Gold pourrait freiner les investissements étrangers, cruciaux pour maintenir la croissance du secteur. Par ailleurs, l’exploitation artisanale, notamment dans le nord et le sud-ouest, reste un défi majeur en raison de son lien avec l’insécurité régionale. Le gouvernement devra trouver un équilibre entre la régulation de ces activités et la préservation de la stabilité.

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En prenant les rênes de son secteur aurifère, le Mali envoie un message fort : les ressources naturelles doivent avant tout bénéficier aux populations locales. Si cette approche se traduit par une stabilité macroéconomique durable, elle pourrait devenir un modèle pour d’autres pays africains riches en minerais. Toutefois, le succès de cette stratégie dépendra de la capacité du Mali à concilier souveraineté économique, partenariats internationaux et sécurité régionale.

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