Les plus grands producteurs de pétrole : Qui domine le marché mondial et africain ?

Les plus grands producteurs de pétrole : Qui domine le marché mondial et africain ?

Le pétrole, surnommé l’« or noir », demeure une ressource stratégique au cœur de l’économie mondiale, alimentant les secteurs des transports, de l’industrie et de la pétrochimie. En 2024, la production mondiale de pétrole brut s’élève à environ 82,9 millions de barils par jour (Mb/j), selon les données de l’U.S. Energy Information Administration (EIA) et d’autres sources comme l’Energy Institute. Cette production est dominée par un petit nombre de pays, tant au niveau mondial qu’africain, qui adaptent leurs stratégies énergétiques face aux défis climatiques, géopolitiques et économiques.

Les leaders mondiaux de la production pétrolière

1. États-Unis : Le champion du schiste

En 2024, les États-Unis maintiennent leur position de premier producteur mondial avec environ 19,4 Mb/j, représentant près de 23 % de la production globale, selon ArabiaWeather. Cette domination, entamée en 2017, repose sur l’exploitation intensive du pétrole de schiste, notamment dans le bassin du Permian au Texas. Malgré une légère baisse de 783 000 b/j par rapport à 2022, les avancées technologiques, comme la fracturation hydraulique et le forage horizontal, permettent aux États-Unis de rester un acteur clé, produisant quatre fois plus que certains concurrents.

Les États-Unis adoptent une approche duale, combinant une production pétrolière robuste avec des investissements croissants dans les énergies renouvelables (21 % de la consommation énergétique en 2020, selon l’EIA). Cependant, l’exploitation du schiste reste controversée en raison de son impact environnemental, avec des émissions de méthane équivalant à 46 millions de tonnes de CO2 par an dans certaines régions, comme le bassin de Barnett en 2015.

2. Arabie saoudite : Le gardien des prix

Avec une production d’environ 10,7 Mb/j en 2024 (ArabiaWeather), l’Arabie saoudite conserve sa place de deuxième producteur mondial et leader de l’OPEP+. Sa capacité de production excédentaire lui permet d’influencer les prix mondiaux, comme en témoigne sa décision d’augmenter la production de 411 000 b/j en mai 2024 pour répondre à la demande (IFPEN).

Via son plan « Vision 2030 », l’Arabie saoudite cherche à réduire sa dépendance au pétrole (30 % du PIB) en investissant dans les énergies renouvelables, l’hydrogène vert et le tourisme. Cependant, le pétrole reste central, avec des projets visant à maintenir une production stable jusqu’en 2030.

3. Russie : Résilience face aux pressions

La Russie produit environ 10,9 Mb/j en 2024, selon ArabiaWeather, malgré les sanctions liées à la guerre en Ukraine. Elle a réorienté ses exportations vers l’Asie, notamment la Chine et l’Inde, pour compenser la perte des marchés européens, tout en maintenant une production stable.

La Russie mise sur l’expansion de son secteur gazier, avec un objectif de 293 milliards de mètres cubes d’exportations d’ici 2030, et explore les réserves de l’Arctique. Les sanctions limitent toutefois l’accès aux technologies modernes, freinant le développement de nouveaux gisements.

4. Autres acteurs majeurs

  • Canada (5,8 Mb/j) : Leader dans l’exploitation des sables bitumineux, le Canada exporte principalement vers les États-Unis. Il investit dans des technologies pour réduire les émissions liées à l’extraction.
  • Irak (4,3 Mb/j) : Malgré les instabilités géopolitiques, l’Irak augmente sa production grâce à des investissements étrangers, mais reste vulnérable aux conflits internes.
  • Chine (4,3 Mb/j) : Deuxième importateur mondial, la Chine maintient une production stable, mais sa dépendance aux importations (14 % du total mondial) croît.

Les leaders africains : Une production stratégique mais fragile

En 2024, l’Afrique a produit environ 6 Mb/j, soit 6 % de la production mondiale, dominée par quatre pays représentant plus de 76 % de la production continentale.

1. Libye : Le nouveau leader africain

En 2024, la Libye fut le premier producteur africain avec 1,24 Mb/j, dépassant le Nigeria en mars, selon l’OPEP. Cette hausse, de 5,7 % par rapport à février 2024, s’appuie sur une relative stabilisation politique et des réserves colossales de 50 milliards de barils, les plus importantes du continent.

La Libye modernise ses infrastructures pétrolières et renforce ses partenariats internationaux pour maximiser l’exploitation de ses réserves, tout en restant vulnérable à l’instabilité politique.

2. Nigeria : Un géant en difficulté

Avec 1,409 Mb/j en 2024, le Nigeria conserve une place clé, mais sa production est freinée par le vol de pétrole (jusqu’à 600 000 b/j) et des infrastructures vétustes. Des efforts pour sécuriser les oléoducs ont permis une légère hausse par rapport à 2023 (1,307 Mb/j).

Le Nigeria s’appuie sur la Petroleum Industry Act (2021) pour attirer des investissements et améliorer la gouvernance. Il explore également le gaz naturel et bénéficie d’un soutien international, comme les 20 millions € de l’Allemagne pour la transition énergétique.

3. Angola : Stabilité post-OPEP

L’Angola produit environ 1,105 Mb/j en 2024, après avoir quitté l’OPEP en 2023 pour échapper aux quotas restrictifs. Ses réserves, estimées à 7,78 milliards de barils, sont principalement exportées vers la Chine (55 %).

L’Angola investit dans l’offshore avec des majors comme TotalEnergies et Chevron, tout en développant le gaz naturel via des projets comme l’Angola LNG plant, pour diversifier son économie.

4. Algérie : Un acteur en déclin

L’Algérie produit 0,977 Mb/j en 2024, en baisse par rapport à 2023 (1,41 Mb/j), en raison du vieillissement des champs comme Hassi Messaoud (Le360 Afrique). Elle reste un fournisseur clé pour l’Europe grâce à sa proximité géographique.

Sonatrach investit dans l’exploration de nouveaux gisements et le développement du gaz naturel, avec des appels d’offres prolongés jusqu’en juillet 2025 pour attirer les investisseurs étrangers.

5. Autres producteurs

  • Égypte (0,57 Mb/j) : En recul de 15 % par rapport à 2023, l’Égypte maintient une production stable grâce à des partenariats avec BP et Eni.
  • Congo, Gabon : Avec des productions entre 0,2 et 0,6 Mb/j, ces pays misent sur des investissements étrangers pour optimiser leurs réserves.

Évolution des stratégies énergétiques

La production mondiale a augmenté de 1,36 % en 2024 par rapport à 2023 (ArabiaWeather), portée par les États-Unis et les pays du Golfe. Cependant, les découvertes de nouvelles réserves sont à leur plus bas niveau depuis des décennies, représentant seulement 16 % de la consommation annuelle en 2019. La transition énergétique, accélérée par des engagements comme ceux de la COP28, pousse les producteurs à investir dans les renouvelables et l’hydrogène, bien que le pétrole reste essentiel à court terme.

En Afrique, les défis incluent l’instabilité politique (Libye, Nigeria), le manque d’investissements et les pressions pour une transition énergétique. Le Nigeria et l’Angola cherchent à diversifier leurs économies via le gaz, tandis que l’Algérie capitalise sur sa position stratégique pour les exportations européennes.

Les grands producteurs mondiaux et africains adoptent des approches hybrides : maximiser les revenus pétroliers tout en préparant l’avenir énergétique. L’OPEP+, représentant environ 35 % de la production mondiale en 2021, perd de l’influence face à la montée des producteurs non-OPEP comme les États-Unis. En Afrique, les 107 milliards de barils de réserves (Libye, Nigeria, Algérie, Angola) offrent un potentiel inexploité, mais des investissements massifs et une stabilité accrue sont nécessaires pour rivaliser sur la scène mondiale.

En 2024, les États-Unis, l’Arabie saoudite et la Russie dominent le marché mondial du pétrole, tandis que la Libye, le Nigeria, l’Angola et l’Algérie mènent en Afrique. Ces pays adaptent leurs stratégies pour équilibrer la production pétrolière avec la transition énergétique, face à des défis comme les sanctions, l’instabilité et la pression climatique. Leur capacité à innover et à diversifier déterminera leur influence dans un marché en pleine mutation.

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