Connect with us

ACTUALITÉ

Mali : L’État obient 35 % des parts dans la mine d’Or Kobada

Published

on

Mali : L’État obient 35 % des parts dans la mine d’Or Kobada

Dans un tournant majeur pour son secteur minier, le Mali a adopté en 2023 un nouveau code minier qui accorde à l’État une participation pouvant atteindre 35 % dans les projets miniers, contre 20 % auparavant. Cette réforme ambitieuse, déjà mise en œuvre dans la future mine d’or de Kobada, devrait générer jusqu’à 500 millions de dollars de revenus supplémentaires par an pour le pays, consolidant ainsi la position du Mali comme l’un des principaux producteurs d’or en Afrique.

Lundi dernier, le gouvernement malien et Toubani Resources, une société canadienne propriétaire du projet aurifère de Kobada, ont signé une convention minière marquant une étape clé dans l’application du nouveau code minier. Conformément à cette législation, l’État malien obtient une participation gratuite de 10 % dans le projet, ainsi qu’une option lui permettant d’acquérir une participation supplémentaire de 20 %, moyennant un investissement dont les détails restent encore flous. En outre, des investisseurs nationaux pourront acquérir une participation de 5 %, portant ainsi la part nationale totale à 35 %.

Cette nouvelle structure de partenariat vise à maximiser les retombées économiques locales tout en assurant un alignement des intérêts entre l’État, les communautés locales et les investisseurs privés. « Nous sommes ravis de consolider notre partenariat avec l’État du Mali », a déclaré Phil Russo, directeur général de Toubani Resources. « Ce cadre juridique garantit un développement durable et équilibré du projet Kobada, au bénéfice de toutes les parties prenantes. »

La mine de Kobada, située dans le sud-ouest du Mali, est l’un des projets miniers les plus prometteurs du pays. Selon une étude de faisabilité publiée en octobre 2024, elle pourrait produire annuellement 162 000 onces d’or sur une durée de vie estimée à 9,2 ans, pour un total de 1,49 million d’onces (42 tonnes). L’investissement initial requis pour le démarrage des opérations est estimé à 216 millions de dollars.

Les projections financières varient en fonction des scénarios de prix de l’or. Dans un contexte optimiste où le métal jaune se négocierait à 3000 dollars l’once, les revenus cumulés de la mine pourraient atteindre 4,47 milliards de dollars sur neuf ans. Cependant, dans un scénario moins favorable avec un cours de l’or à 2200 dollars l’once, les revenus seraient estimés à 3,28 milliards de dollars. Dans ce dernier cas, les redevances minières et autres taxes connexes permettraient au Mali de capter environ 14 % des revenus totaux de la mine.

Advertisement

Bien que les 35 % d’intérêts nationaux dans la mine ne se traduisent pas directement par 35 % des revenus, cette réforme assure une meilleure redistribution des bénéfices issus de l’exploitation minière. Les autorités maliennes espèrent ainsi faire « briller l’or pour les Maliens », conformément à leur vision stratégique d’utiliser les ressources naturelles pour stimuler le développement économique national.

Outre la participation directe dans les projets miniers, le nouveau code minier impose également un impôt sur les sociétés de 25 % pour les cinq premières années d’exploitation, avant une hausse à 30 % par la suite. Ces mesures fiscales viennent s’ajouter aux redevances minières traditionnelles et contribuent à augmenter significativement les recettes publiques.

Pour le gouvernement malien, cette réforme représente bien plus qu’un ajustement législatif : il s’agit d’un levier stratégique pour renforcer la souveraineté économique du pays et financer des infrastructures essentielles, notamment dans les domaines de la santé, de l’éducation et des transports.

Malgré les avancées significatives apportées par ce nouveau cadre juridique, certains défis subsistent. Les conditions exactes d’acquisition de la participation non gratuite de 25 % par l’État demeurent floues, suscitant des interrogations quant à la capacité du Mali à mobiliser les fonds nécessaires. Par ailleurs, certains acteurs internationaux craignent que ces changements n’alourdissent le risque investissement et freinent l’arrivée de nouveaux projets miniers dans le pays.

Cependant, selon les experts, le potentiel minier exceptionnel du Mali, combiné à une gestion prudente des nouvelles dispositions légales, pourrait attirer davantage d’investisseurs à long terme. « La transparence et la stabilité réglementaire seront cruciales pour maintenir la confiance des investisseurs », souligne un analyste basé à Bamako.

Advertisement

Avec cette réforme audacieuse, le Mali affirme sa volonté de tirer pleinement parti de ses richesses minières pour soutenir son développement économique. Si elle est bien exécutée, cette stratégie pourrait transformer le secteur minier en un moteur puissant pour l’amélioration des conditions de vie des populations locales et la diversification de l’économie nationale. Reste maintenant à voir comment ce nouvel équilibre entre intérêts publics et privés se traduira concrètement sur le terrain.

Tendance

fr_FR