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Pourquoi la Côte d’Ivoire renationalise la compagnie pétrolière Petroci

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Pourquoi la Côte d’Ivoire renationalise la compagnie pétrolière Petroci

Bien que les gisements pétroliers identifiés en Côte d’Ivoire promettent de nouvelles ressources pour l’Etat, les négociations avec les nombreux partenaires impliqués sont toujours en cours. Pour faciliter cela, la compagnie pétrolière Petroci est en train d’être transformée en une entreprise publique à 100 %.

La Société nationale des opérations pétrolières de Côte d’Ivoire (Petroci) entre dans une nouvelle ère.

Initialement société à participation financière publique, Petroci est devenue une société 100% publique. Ce changement intervient à un moment où l’entreprise commence à multiplier ses partenariats et doit lui donner les outils nécessaires à son développement. Ce changement de statut protège désormais la société contre d’éventuelles procédures judiciaires ou arbitrales abusives.

Cela évitera des saisies d’actifs lorsque l’entreprise perd un procès, conformément au traité uniforme de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (Ohada), qui régit le climat des affaires dans les pays d’Afrique francophone.

En septembre 2021, la compagnie pétrolière italienne a découvert l’un des plus grands gisements de pétrole et de gaz du pays à Whale.

Le changement de statut de Petroci a été demandé par la direction du groupe, dont son directeur général, Vamissa Bamba, et devrait lui donner carte blanche dans les négociations avec les groupes pétroliers ; notamment avec le groupe italien ENI, l’un des partenaires les plus importants, avec qui les relations sont parfois difficiles.

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En septembre 2021, la compagnie pétrolière italienne a découvert l’un des plus grands gisements de pétrole et de gaz du pays à Whale. Les premières estimations suggéraient une réserve de 2 milliards de barils de pétrole brut et 2,4 milliards de pieds cubes de gaz naturel – pas assez pour faire de la Côte d’Ivoire un géant pétrolier, mais plus que suffisant pour approvisionner les centrales électriques du pays en gaz naturel.

Premiers barils au premier semestre 2023

Dans le cadre de sa joint-venture avec ENI, Petroci détenait une participation de 10% dans le permis CI-101, où la découverte a été faite. Quelques mois après la découverte du site, le 29 décembre 2021, une fois le décret autorisant l’exploitation exclusive du gisement signé par le président Alassane Ouattara, Vamissa Bamba écrit à Sergio Laura, le directeur général de la filiale locale d’ENI, pour négocier une augmentation de la participation de l’entreprise publique dans le bloc. Petroci voulait augmenter sa part à 17%. Il s’agit d’une opération inédite : d’ordinaire, Petroci n’a droit qu’à 15 % de chaque bloc dont elle n’est pas l’opérateur. “C’est une clause du contrat de partage de production”, explique une source au siège d’ENI. ENI détient désormais 83% du CI-101, et Petroci a augmenté sa part à 17%.

Le plan de développement du champ prévoit le forage de trois puits cette année, ce qui constitue la première phase. Les premiers barils devraient sortir au premier semestre 2023 avec une production de 12 000 barils/jour de pétrole brut et 17,5 millions de pieds cubes/jour de gaz naturel associé. La deuxième phase de développement impliquera une soixantaine de puits pour un investissement d’environ 11 milliards de dollars et un débit prévu entre 75 000 barils/jour et 100 000 barils/jour de pétrole brut et 140 millions de pieds cubes/jour de gaz naturel. Le champ devrait être en pleine production à partir de 2026, générant des ressources qui alimenteront directement les caisses du gouvernement.

Cette découverte majeure impacte la nouvelle stratégie globale de Petroci qui, depuis quelques années, avait décidé de se recentrer sur son cœur de métier : l’exploration et la production. Cette décision fait suite à des tentatives antérieures de diversification dans les activités en amont et en aval. Petroci avait conclu un partenariat avec le nigérian MRS pour créer une joint-venture, Corlay, qui avait repris le réseau de distribution de l’américain Chevron. Cette expérience s’est soldée par un échec, minée par les divergences entre les partenaires.

Multiplier les partenariats

Dans sa nouvelle stratégie, Petroci multiplie les alliances. La société a conclu un partenariat avec le nigérian Sahara Energy pour créer la société Sapet. Cette joint-venture, détenue à 65% par Sahara et à 35% par Petroci, développera et exploitera une sphère de stockage de gaz de pétrole liquéfié d’une capacité annuelle de 12 000 tonnes pour un investissement de 36,6 M€ (39,2 M$). Depuis 2018, la société a cédé son réseau de distribution au trader Trafigura à travers la création d’une joint-venture, Puma Energy Côte d’Ivoire (PECI), dans laquelle Petroci détient 20%. Un an plus tard, la situation financière se détériore, avec des fonds propres négatifs liés aux difficultés commerciales du réseau de distribution des stations-service. L’appel d’offres pour la cession de son activité gaz est en cours.

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Ce recentrage sur son cœur de métier est un virage important pour l’entreprise publique. Cependant, la nouvelle direction prévoit de renforcer ses activités en aval, et Petroci envisage de s’y développer, notamment avec la construction d’un nouveau quai dans le port d’Abidjan, dont le financement reste à trouver. Bien que la société soit en relativement bonne santé financière, avec un chiffre d’affaires de 268,9 milliards de francs CFA (environ 438 millions de dollars) et un bénéfice net de 9,5 milliards de francs CFA, les comptes ne sont pas assez solides. Un différend sur le bloc 50 à Oman lui a fait perdre 11,9 milliards de francs CFA.

Nous sommes conscients de cette dépréciation. Nous travaillerons à la consolidation des comptes. Nous sommes sur plusieurs blocs pétroliers

Un autre partenariat avec la compagnie pétrolière Vitol, concernant l’exploration du bloc offshore 508, a également coûté à la société environ 11,4 milliards de francs CFA. Ce bloc a finalement été restitué à l’État ivoirien, mais les pertes totales d’exploration ont été estimées à plus de 50 milliards de francs CFA fin 2020.

« Nous sommes conscients de cette dépréciation. Nous travaillerons à la consolidation des comptes. Nous sommes sur plusieurs blocs pétroliers », explique une source dans la direction de Petroci.

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