Le groupe Akwa, géant marocain de l’énergie et de la distribution pétrolière, a annoncé le lancement d’un projet ambitieux de stockage pétrolier à Bargny-Sendou, à environ 30 kilomètres de Dakar, la capitale sénégalaise. Ce développement, qui inclut des capacités de traitement du gaz naturel, vise à transformer la distribution énergétique en Afrique de l’Ouest, selon Pumps Africa. Ce projet marque une étape cruciale pour le Sénégal, qui a récemment rejoint le club des pays producteurs de pétrole grâce à l’exploitation du champ offshore de Sangomar, opérationnel depuis 2024.
Situé stratégiquement près de Dakar, le site de Bargny-Sendou permettra de stocker du pétrole brut et des produits raffinés, tout en intégrant une usine de traitement de gaz naturel. Cette infrastructure renforcera la capacité du Sénégal à répondre à la demande énergétique régionale, tout en soutenant son ambition de devenir un hub énergétique en Afrique de l’Ouest. Ce projet pourrait redessiner la dynamique énergétique de la région en améliorant l’accès aux carburants et au gaz naturel.
Fondé en 1959 sous le nom d’Afriquia SMDC, le groupe Akwa, propriété des familles Akhannouch et Wakrim, est un conglomérat marocain opérant dans les hydrocarbures, la distribution, le tourisme, les médias et les énergies renouvelables. Connu pour sa marque de carburants Afriquia et sa filiale Afriquia Gaz, Akwa Group a consolidé sa présence en Afrique francophone, avec des opérations en Côte d’Ivoire et au Cameroun. Ce projet sénégalais s’inscrit dans une stratégie d’expansion plus large, visant à renforcer son empreinte régionale grâce à son expertise en logistique pétrolière et gazière. Cette expérience en gestion de projets pétroliers d’envergure positionne Akwa comme un partenaire clé pour le Sénégal, où il pourra tirer parti de son savoir-faire pour optimiser la distribution énergétique.
Le Sénégal est entré dans une nouvelle ère énergétique avec le démarrage de la production pétrolière du champ de Sangomar en 2024, géré par Woodside Energy avec une participation de Petrosen, la compagnie pétrolière nationale. Ce champ, situé à 100 km au sud de Dakar, produit entre 75 000 et 125 000 barils par jour, avec des réserves estimées à 230 millions de barils de pétrole brut et 2,4 trillions de pieds cubes de gaz. Par ailleurs, le projet Greater Tortue Ahmeyim (GTA), codéveloppé avec la Mauritanie par BP et Kosmos Energy, vise à produire 2,3 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié (GNL) par an dans sa première phase, renforçant la position du Sénégal comme producteur de gaz.
Le projet d’Akwa Group à Bargny-Sendou soutiendra ces développements en fournissant une infrastructure essentielle pour le stockage et la distribution des hydrocarbures. Il contribuera à l’objectif du Sénégal d’atteindre un accès universel à l’énergie d’ici 2030, tout en réduisant la dépendance aux combustibles fossiles importés coûteux, qui dominent encore le mix énergétique du pays. En intégrant le traitement du gaz naturel, le projet pourrait également faciliter l’utilisation du gaz domestique pour la production d’électricité, réduisant ainsi les coûts énergétiques et les émissions de CO2.
Le projet devrait également générer des emplois locaux et stimuler l’économie sénégalaise, qui affiche une croissance réelle de 6,1 % en 2024, bien que légèrement inférieure aux prévisions initiales en raison d’une activité plus faible dans la construction et l’industrie.
Malgré son potentiel, le projet fait face à des défis, notamment la nécessité de réglementations claires pour le contenu local, comme stipulé dans le Code pétrolier sénégalais, qui exige que les entreprises pétrolières intègrent une part de main-d’œuvre et de matériaux locaux. De plus, le Sénégal, l’un des pays les plus stables d’Afrique, doit naviguer dans un contexte de transition politique suite à l’élection du président Bassirou Diomaye Faye en mars 2024, qui a annoncé un audit des secteurs pétrolier, gazier et minier pour renégocier les contrats avec les opérateurs étrangers. Ces développements pourraient influencer les conditions d’opération d’Akwa Group.
Sur le plan environnemental, le projet devra répondre aux préoccupations croissantes liées à la transition énergétique. Le Sénégal vise 40 % de capacité énergétique renouvelable d’ici 2030, avec des projets comme le parc solaire de Kolda, qui intègre un stockage par batterie. Akwa Group, déjà engagé dans les énergies propres via sa co-entreprise Green of Africa, pourrait intégrer des pratiques durables dans son projet sénégalais pour aligner ses opérations sur ces objectifs.
Le projet de stockage pétrolier et de traitement de gaz naturel d’Akwa Group à Bargny-Sendou représente une avancée majeure pour l’infrastructure énergétique du Sénégal et de l’Afrique de l’Ouest. En capitalisant sur l’expertise marocaine et l’essor du secteur pétrolier sénégalais, ce projet pourrait redéfinir la distribution énergétique régionale, tout en soutenant la croissance économique et la création d’emplois. Toutefois, son succès dépendra de la capacité à relever les défis réglementaires, environnementaux et politiques dans un contexte de transition énergétique mondiale. Alors que le Sénégal se positionne comme un acteur clé du secteur pétrolier africain, l’investissement d’Akwa Group illustre le rôle croissant des partenariats interafricains dans la construction d’un avenir énergétique durable.