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Sénégal : La pêche est-elle menacée par le gaz de GTA à Saint-Louis ?

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Sénégal : La pêche est-elle menacée par le gaz de GTA à Saint-Louis ?

Un terminal gazier offshore à une dizaine de kilomètres de Saint-Louis, au Sénégal menace la pêche. Les ressources halieutiques commencent à se faire rares, selon les acteurs du secteur.

« La cohabitation n’est pas possible. On va exploiter le gaz, on va tuer la pêche à Saint-Louis, capitale de la pêche. Mais la zone de pêche est très petite, elle est coincée pratiquement entre l’embouchure et la frontière de la Mauritanie où il y a des garde-côtes qui interdisent l’accès à leurs eaux. » Moustapha Dieng, secrétaire général de l’Union nationale autonome des pêcheurs du Sénégal.

Le Sénégal a récemment découvert des ressources pétrolières et gazières et nourrit grâce à elles l’espoir de richesse et d’industrialisation. Il ne veut en aucun cas y renoncer, malgré la pression des pays occidentaux et l’arrêt par ces derniers du financement des projets d’exploitation des énergies fossiles à l’étranger au nom de la lutte contre le réchauffement climatique.

Le président Macky Sall dénonce « une injustice » et déploie une diplomatie active pour justifier le début de l’exploitation à partir de 2023. 

« N’étant pas les plus grands pollueurs puisque n’étant pas industrialisés, il serait injuste dans la recherche de solution [au réchauffement] qu’on veuille interdire à l’Afrique d’utiliser les ressources naturelles qui sont dans son sous-sol »Président Macky Sall

Et le message semble d’autant plus à même d’être écouté par les Européens que ceux-ci, frappés par la crise énergétique, cherchent à diversifier leurs approvisionnements depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. En témoigne la venue de M. Scholz, chancelier allemand.

Pourtant, la situation est « urgente », rappelle Aliou Ba, responsable de la campagne océan de Greenpeace Afrique. L’objectif de contenir le réchauffement de la planète à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle semble déjà hors d’atteinte, les dégâts, irréversibles, et l’exploitation de ces ressources émettrices de gaz à effet de serre « va encore exacerber la situation », explique-t-il.

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Pour François Gemenne, l’un des rapporteurs du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), « il est très difficile quand vous êtes pauvre de renoncer à un trésor, il faut donc proposer quelque chose de plus intéressant en face »« Tout l’enjeu est que ces pays puissent choisir et fassent le choix d’une économie décarbonée, estime-t-il. Et cela passe par le transfert de technologie et l’investissement dans le renouvelable, encore largement insuffisants. »

Au Sénégal, les champs pétroliers et gaziers ne représentent respectivement que 0,07 % et 0,5 % des réserves mondiales, mais « elles sont assez importantes à l’échelle de notre pays pour changer radicalement son économie, son tissu industriel et donc ses perspectives d’avenir », a précisé à l’AFP la ministre du pétrole Sophie Gladima.

Elle a souligné le cadre juridique nécessaire pour créer des milliers d’emplois sénégalais dans le secteur, et l’Institut national du pétrole et du gaz pour former une main-d’œuvre hautement qualifiée.

A mesure que l’exploitation approche, les autorités ont accru leur contrôle sur la future plateforme gazière. Un périmètre de sécurité a été établi et un bateau patrouille pour interpeller tout homme de la mer souhaitant franchir une barrière parfois invisible.

Alors que des organisations de la société civile alertent sur les risques de l’exploitation de cette ressource pour la communauté de pêcheurs et l’environnement. 

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« Personne ne peut nier que l’exploitation des ressources a et va continuer à avoir des impacts sur notre environnement. Il y aura aussi des impacts sociaux et quand vous voyez ces communautés qui vivent à côté de là on va exploiter les ressources notamment à Nguet Ndar (village des pêcheurs de Saint-Louis) où il y a une communauté de pêcheurs, on sent les inquiétudes, on voit le contraste entre les milliards qu’on nous annonce et qui vont provenir de l’exploitation du gaz et la pauvreté que vous voyez autour de vous. », explique Pape Fara Diallo, président de la coalition nationale « Publiez ce que vous payez ».

Le président sénégalais considère les appels contre l’exploitation du pétrole et du gaz lucratifs au nom de la lutte contre le changement climatique comme une injustice faite à son pays.

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