Sénégal : Oranto risque de perdre ses droits sur plusieurs blocs pétroliers

Le groupe pétrolier nigérian Oranto Petroleum, dirigé par le milliardaire Prince Arthur Eze, se trouve dans une position précaire au Sénégal, où il risque de perdre ses blocs pétroliers en raison d’un manque d’investissements significatifs. L’entreprise détient plusieurs permis pétroliers au Sénégal, mais n’a réalisé que peu de travaux d’exploration sur ces blocs, une situation qui suscite l’ire des nouvelles autorités sénégalaises.

Déjà, en novembre 2023, Oranto Petroleum cherchait à obtenir de nouveaux permis malgré l’inactivité sur ceux déjà attribués. Cette stratégie, qui reposait sur les connexions politiques de Prince Arthur Eze, semble désormais compromise sous le gouvernement de Faye, qui privilégie une gestion plus rigoureuse des ressources pétrolières du pays.

Les permis détenus par Oranto devraient prochainement expirer, et le groupe n’a pas démontré les investissements nécessaires pour justifier leur renouvellement. Cette situation contraste avec les ambitions du Sénégal, qui, à l’approche du lancement de sa production pétrolière et gazière, cherche à maximiser les retombées économiques de ses ressources naturelles.

Sous la présidence de Macky Sall, Oranto avait bénéficié de ses liens étroits avec le pouvoir pour sécuriser ses blocs pétroliers. Cependant, l’arrivée de Bassirou Diomaye Faye, qui prône une politique axée sur l’intégration africaine et une gestion transparente des ressources, a bouleversé la donne. Le nouveau gouvernement scrute de près les engagements des compagnies pétrolières, mettant en lumière les lacunes d’Oranto.

Cette pression s’inscrit dans un contexte plus large où le Sénégal renforce ses infrastructures pétrolières et gazières, avec des projets comme l’augmentation de la capacité de raffinage et la conversion des centrales au gaz. Les autorités exigent désormais des partenaires fiables capables de contribuer activement au développement du secteur.

La possible perte des blocs d’Oranto pourrait ouvrir la voie à de nouveaux acteurs dans le secteur pétrolier sénégalais. Le pays, qui se prépare à devenir un producteur majeur de pétrole et de gaz avec des projets comme le champ gazier Grand Tortue Ahmeyim, attire l’attention des investisseurs internationaux. La Nigerian Upstream Petroleum Regulatory Commission, par exemple, a récemment tenté de récupérer des champs sous-exploités pour les réattribuer, signalant une tendance régionale vers une gestion plus dynamique des ressources.

Pour Oranto, l’enjeu est de taille. Sans un engagement financier et technique rapide, le groupe risque de voir ses ambitions sénégalaises s’effondrer, marquant un recul pour l’une des compagnies pétrolières les plus influentes du Nigeria. Alors que le Sénégal se positionne comme un hub énergétique en Afrique de l’Ouest, les compagnies pétrolières devront désormais prouver leur valeur pour rester dans la course.