Sénégal : Shell, “acheteur principal” du pétrole brut de Sangomar

La première cargaison de pétrole brut du Sénégal est actuellement en cours de chargement au projet pétrolier Sangomar de Woodside, trois semaines après le début de la production pétrolière dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, selon les données de suivi des navires et des sources du marché.

Le 1er juillet à 13 heures (heure de Londres, 12 heures GMT), le pétrolier Maran Poseidon, sous pavillon grec, a accosté au terminal d’exportation du projet, d’une capacité de 100 000 barils par jour (b/j), selon les données de S&P Global Commodities at Sea, qui mentionnent Shell International Trading comme affréteur du navire d’une capacité de 1,06 million de barils.

Le 11 juin, Commodity Insights avait indiqué que Shell était l’acheteur de la première cargaison de brut Sangomar. Shell n’a pas répondu à une demande de commentaire.

Cette première cargaison exportée représente une étape cruciale pour le Sénégal, qui rejoint les rangs des exportateurs mondiaux de pétrole et de gaz grâce à ce projet de 5,2 milliards de dollars. Elle marque également l’arrivée sur le marché de barils supplémentaires de brut non OPEP+, alors que l’alliance des producteurs s’efforce de stabiliser le marché et de faire remonter les prix dans un contexte d’augmentation de la production dans les Amériques et d’inflation mondiale galopante.

Woodside, l’opérateur australien du projet Sangomar avec une participation de 82 %, en partenariat avec l’entreprise publique Petrosen (18 %), n’a pas répondu aux demandes de commentaires.

Il n’est pas encore clair où le brut sera acheminé après le chargement, mais un porte-parole de Woodside a précédemment déclaré à Commodity Insights qu’il “possède des qualités moyennement acides analogues à celles d’Oman et Johan Sverdrup (Norvège)”. Le brut Oman Blend est principalement vendu en Chine, tandis que le Johan Sverdrup est apprécié des raffineurs en Pologne, aux Pays-Bas et en Allemagne, selon les données de CAS.

Le pétrole brut sénégalais est chargé à partir du navire flottant de production, de stockage et de déchargement Léopold Sedar Senghor, d’une capacité de 1,3 million de barils, ancré à environ 100 kilomètres au large de Dakar, la capitale du Sénégal.

Le projet comprend 24 puits, dont 12 puits de production, le dernier étant encore à forer, ainsi que 10 injecteurs d’eau et deux injecteurs de gaz dans la phase 1. Woodside n’a pas commenté la forme que prendrait une éventuelle deuxième phase.

“La première production de pétrole du champ Sangomar marque une nouvelle ère non seulement pour l’industrie et l’économie de notre pays, mais surtout pour notre peuple”, a déclaré Thierno Ly, directeur de Petrosen E&P, dans un communiqué publié au début du mois. “Nous n’avons jamais été aussi bien placés pour saisir les opportunités de croissance, d’innovation et de succès dans le développement économique et social de notre pays.”

Cette première cargaison arrive moins de quatre mois après que le Président Bassirou Diomaye Faye ait remporté une victoire surprise au premier tour des élections, promettant de renégocier les contrats pétroliers et gaziers. Selon certaines sources, aucune mesure n’a encore été prise à cet égard.

Le Sénégal se rapproche également du lancement du projet de GNL Greater Tortue Ahmeyim, longtemps retardé et exploité par BP, qui chevauche la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie et devrait entrer en service courant 2024. BP prévoit que la production de GNL pourrait atteindre 2,3 millions de tonnes par an au cours de la première phase du projet, dans lequel Kosmos Energy détient également une participation.