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Zéro émission nette d’ici 2050 : La transition énergétique mondiale en difficulté

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Zéro émission nette d'ici 2050 : La transition énergétique mondiale en difficulté

À mesure que l’échéance de 2050 pour atteindre le « zéro émission nette » se rapproche, la décarbonisation de l’économie mondiale (évaluée à plus de 115 000 milliards de dollars et en constante croissance) semble de plus en plus difficile. Malgré des engagements ambitieux, les progrès restent lents, et d’importants obstacles économiques, politiques et sociaux jettent un doute sur la faisabilité de cet objectif mondial.

Entre 2022 et 2023, la dépendance mondiale aux sources d’énergie conventionnelles (pétrole, gaz naturel et charbon) n’a diminué que de 0,4 %, passant de 81,9 % à 81,5 % de la consommation énergétique mondiale, selon les dernières données disponibles. Cette faible réduction souligne la domination persistante des combustibles fossiles, malgré des investissements substantiels dans les énergies renouvelables. Le rythme lent de la transition met en évidence l’énorme défi que représente la refonte des systèmes énergétiques dans une économie qui devrait continuer à croître.

Un obstacle majeur à la réalisation du zéro émission nette d’ici 2050 est l’absence d’engagement universel. Les pays responsables d’environ 45 % des émissions mondiales, y compris des acteurs majeurs comme la Chine et l’Inde (deux des trois principaux émetteurs) n’ont pas adopté l’objectif de 2050. Ils ont plutôt fixé leurs ambitions de zéro émission nette à 2060, voire 2070. Ce décalage dans les calendriers compromet les efforts mondiaux, car une action coordonnée est essentielle pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.

Lors de la conférence des Nations Unies sur le climat de 2024 à Bakou, en Azerbaïdjan, les experts ont estimé que l’atteinte du zéro émission nette d’ici 2050 nécessiterait des investissements mondiaux annuels de 6 500 milliards de dollars d’ici 2030, montant qui pourrait atteindre 8 000 milliards de dollars d’ici 2035. Cela représente environ 5 % du PIB mondial consacré aux initiatives climatiques, un engagement considérable, en particulier pour les pays en développement. Ces derniers, déjà limités sur le plan économique, n’ont pas la capacité budgétaire d’allouer une part aussi importante de leur PIB aux investissements climatiques. Pendant ce temps, les nations plus riches font face à leurs propres contraintes. Les pays européens peinent à équilibrer l’augmentation des dépenses de défense avec leurs efforts pour regagner une compétitivité économique mondiale, tandis que les États-Unis sont accablés par une dette nationale de 37 000 milliards de dollars, dont les intérêts dépassent désormais les dépenses de défense.

À ces défis économiques s’ajoute une montée de l’opposition politique dans certaines régions. En Europe, une « réaction verte » gagne du terrain, avec des partis populistes s’opposant de plus en plus aux initiatives vertes, souvent en parallèle avec des politiques sur l’immigration. Cette résistance croissante menace de faire dérailler les politiques climatiques, alors que les priorités politiques évoluent et que le soutien public s’essouffle.

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La voie vers le zéro émission nette d’ici 2050 est semée d’embûches, allant d’une coordination mondiale insuffisante et de contraintes financières à des vents contraires politiques. Bien que l’urgence de l’action climatique soit indéniable, la trajectoire actuelle suggère que, sans une coopération et une innovation sans précédent, l’objectif de 2050 pourrait rester hors de portée. Les décideurs politiques, les entreprises et les sociétés doivent affronter ces réalités de front, en équilibrant les pressions économiques avec l’impératif d’agir de manière décisive face au changement climatique.

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