La Société nationale des pétroles du Congo (SNPC) a lancé fin décembre 2024 un emprunt obligataire de 100 milliards de FCFA (152,4 millions d’euros) sur les marchés financiers de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC). Ouverte jusqu’au 29 février 2025, cette opération vise à financer des projets de forage dans trois champs pétroliers stratégiques, renforçant ainsi la production de l’entreprise publique congolaise.
Pour promouvoir cet emprunt, Maixent Raoul Ominga, directeur général de la SNPC, a conduit une tournée régionale, notamment à Libreville le 11 février. Devant un parterre d’hommes d’affaires gabonais, il a vanté les mérites de l’opération : « Cet emprunt va financer un projet très structurant pour la SNPC, stimuler notre croissance, augmenter la production et servir notre économie. Avec un taux de rentabilité de 6,5 %, les épargnants peuvent investir sans crainte », a-t-il assuré, appuyé par une présentation détaillée.
Créée en 2002 après la dissolution d’Hydro Congo, la SNPC, détenue à 100 % par l’État congolais, s’est historiquement appuyée sur des emprunts internationaux. Mais face à la raréfaction des financements mondiaux pour les énergies fossiles, l’entreprise se tourne désormais vers les marchés régionaux. « Les énergies fossiles restent nécessaires à nos économies, même si nous travaillons sur une transition énergétique », a souligné Ominga, plaidant pour une approche pragmatique alliant exploitation maîtrisée et développement de solutions durables.
Cette initiative marque une première dans la CEMAC : aucun producteur pétrolier de la région n’avait encore sollicité l’épargne locale à une telle échelle. Yannick Mefane, directeur général de Premium Capital Securities, co-arrangeur de l’opération, y voit un signal fort : « Nous montrons que nous pouvons financer notre propre économie sans dépendre de fonds internationaux coûteux. »
Pour séduire les souscripteurs, la SNPC propose un avantage inédit : une exonération d’impôt sur les revenus générés par cet emprunt. « Dans les opérations privées classiques, l’investisseur supporte l’impôt. Ici, la SNPC prend cela en charge, rendant l’opération particulièrement attractive », analyse François Binet, expert financier régional. Ce dispositif, combiné au taux de 6,5 %, vise à mobiliser largement l’épargne des ressortissants de la CEMAC.
Cette levée de fonds n’est qu’une première étape. Après ces 100 milliards de FCFA, la SNPC prévoit un second emprunt de 200 milliards de FCFA (304,8 millions d’euros) à une date ultérieure, pour consolider ses capacités et soutenir sa croissance. Ces projets de forage dans trois champs pétroliers clés doivent permettre à l’entreprise de maintenir sa position stratégique dans un secteur vital pour l’économie congolaise, tout en contribuant au développement régional.
En s’adressant aux investisseurs gabonais et de la CEMAC, la SNPC ne cherche pas seulement à diversifier ses financements, mais aussi à renforcer l’autonomie économique de la sous-région. Cette opération, qui allie rendement attractif et impact structurant, pourrait redéfinir les modèles de financement des entreprises publiques en Afrique centrale, dans un contexte mondial marqué par des tensions sur les énergies fossiles.