Sénégal : Sicilsaldo en pôle position pour la construction du gazoduc GTA-Gandon

Le Sénégal s’apprête à franchir une nouvelle étape dans l’exploitation de ses ressources gazières avec la construction d’un gazoduc reliant le champ Grand Tortue Ahmeyim (GTA), situé à la frontière maritime avec la Mauritanie, à la centrale électrique de Gandon, près de Saint-Louis. Ce projet, inscrit dans les stratégies nationales « Gas to Power » et « Gas to Industries », vise à réduire la dépendance du pays aux combustibles coûteux et polluants, tout en renforçant son infrastructure énergétique. La société italienne Sicilsaldo, via sa joint-venture Sicilsaldo West African Contracting, est actuellement favorite pour remporter le contrat de construction.

Le champ GTA, développé par BP et Kosmos Energy, a marqué un tournant pour le Sénégal avec le début de sa production en décembre 2024. Cette ressource transfrontalière, dont une partie est destinée à l’usage domestique, alimentera bientôt des centrales électriques grâce au gazoduc supervisé par le Réseau Gazier du Sénégal (RGS). Cette entité, détenue à 51 % par PETROSEN, 39 % par Fonsis et 10 % par Senelec, joue un rôle central dans la mise en œuvre de cette ambitieuse stratégie énergétique.

Le gazoduc GTA-Saint-Louis, d’une longueur estimée à 100 km (15 km offshore et 85 km onshore), représente une composante essentielle d’un réseau gazier national plus vaste. Évalué à 650 milliards de FCFA (environ 1 milliard USD), ce réseau vise à connecter des champs comme GTA, Sangomar et Yakaar-Teranga aux centres de consommation, réduisant les coûts énergétiques pour les industries et les ménages. Une extension potentielle vers des localités comme Tobène, Dakar et Mbour pourrait porter sa longueur totale à 400 km, amplifiant son impact à l’échelle nationale.

Sicilsaldo, entreprise italienne fondée en 1994 et spécialisée dans les projets EPCIC (ingénierie, approvisionnement, construction, installation et mise en service), est en pole position pour décrocher ce contrat. Via sa joint-venture avec Oilserv, Sicilsaldo West African Contracting, elle opère déjà dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, dont le Sénégal. Selon un article d’Africa Intelligence daté du 3 mars 2025, la société devance deux consortiums chinois dans la course à l’attribution, bien que l’annonce officielle reste en attente. Son expérience, notamment un projet de gazoduc au Mexique d’une valeur de 80 millions d’euros, renforce sa crédibilité.

Ce gazoduc est crucial pour le Sénégal, qui ambitionne de devenir un hub énergétique en Afrique de l’Ouest. En alimentant une centrale électrique d’une capacité initiale de 250 MW, extensible à 500 MW, il contribuera à la sécurité énergétique et à la réduction de l’empreinte carbone du pays. Cependant, des défis subsistent : la coordination transfrontalière avec la Mauritanie, la gestion des impacts environnementaux et sociaux, ainsi que la finalisation des études de faisabilité. Des retards antérieurs dans le calendrier ont été surmontés avec le démarrage de GTA, offrant une base solide pour avancer.

Le projet est actuellement en phase de sélection des contractants, avec un début des travaux envisagé pour 2025. Le coût du segment GTA-Saint-Louis s’inscrit dans une enveloppe globale estimée à 300 millions USD pour les premières phases du réseau, selon les données disponibles.

En cas de confirmation, l’implication de Sicilsaldo marquerait une étape décisive dans ce projet structurant. « Ce gazoduc illustre la volonté du Sénégal de valoriser ses ressources gazières pour soutenir son développement économique », note une source anonyme du projet. Avec des extensions possibles vers d’autres régions, cette infrastructure pourrait transformer le paysage énergétique national, positionnant le pays comme un acteur clé dans la transition énergétique régionale.