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Mozambique : un prêt américain de 5 milliards de dollars relance le mégaprojet gazier de TotalEnergies

Le projet de gaz naturel liquéfié (GNL) de TotalEnergies au Mozambique, d’un coût total de 20 milliards de dollars, a reçu un coup de pouce décisif avec l’approbation, d’un prêt de 5 milliards de dollars par la US Export-Import Bank (Exim). Ce financement, qui intervient après des années de suspension dues à l’insécurité dans la région de Cabo Delgado, marque une étape clé pour la reprise de ce projet stratégique, tout en soulevant des questions sur les risques persistants et les impacts humains.
Lancé par TotalEnergies, qui détient une participation opérationnelle de 26,5 %, le projet Mozambique LNG avait été gelé en 2021 suite à une série d’attaques violentes par des insurgés affiliés à l’État islamique dans la province de Cabo Delgado. L’assaut de Palma, en mars 2021, avait entraîné des massacres, des décapitations et le déplacement de dizaines de milliers de personnes, forçant TotalEnergies à déclarer un cas de force majeure et à suspendre ses opérations. Ce prêt de 5 milliards de dollars, initialement approuvé sous l’administration Trump mais retardé par des transitions politiques aux États-Unis, offre une bouffée d’oxygène pour relancer les travaux.
Le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, avait anticipé cette approbation lors d’une déclaration en février 2025, espérant que d’autres agences de crédit, notamment britanniques et néerlandaises, suivraient dans les mois à venir. « TotalEnergies coopérera pleinement avec toute enquête sur ce projet », a assuré la compagnie dans un communiqué, répondant aux préoccupations soulevées par des ONG et des gouvernements étrangers.
Malgré ce financement, la situation sécuritaire reste précaire. Les attaques extrémistes continuent de menacer le nord du Mozambique, où le projet est implanté. Seb Kennedy, analyste chez Energy Flux, souligne que « bien que le projet n’ait pas directement causé la violence liée à la contre-insurrection, il en a été un catalyseur ». Il met en garde contre l’optimisme excessif, rappelant que « la réalité d’opérer dans une région sujette aux conflits peut rapidement compromettre les mégaprojets GNL ».
Le gouvernement britannique envisage même de retirer son soutien en raison de la « situation volatile », selon Financial Times, tandis que les Pays-Bas ont lancé une enquête indépendante sur les abus des droits humains par les forces de sécurité mozambicaines. Ces préoccupations font écho aux plaintes déposées en 2023 par des sous-traitants et des familles de victimes du massacre de Palma, qui accusaient TotalEnergies de négligence, des accusations que la compagnie a fermement rejetées.
Le projet Mozambique LNG vise à exploiter les vastes réserves de gaz offshore du bassin de Rovuma, avec une capacité initiale de 13,1 millions de tonnes par an, extensible à 43 millions. Il promet de transformer l’économie mozambicaine en faisant du pays un exportateur majeur de GNL, tout en répondant à la demande énergétique régionale. Cependant, les critiques, comme Daniel Ribiero de Friends of the Earth Mozambique, estiment que « les violations des droits humains, les conflits armés et les impacts environnementaux auraient dû dissuader les investisseurs responsables ».
Pour le Mozambique, ce financement représente une opportunité de relancer un secteur clé, après des années de perturbations économiques dues à l’insécurité. Mais la reprise des travaux dépendra de la capacité du gouvernement à stabiliser Cabo Delgado, où les forces de l’ordre peinent à contenir l’insurrection. La communauté internationale, tout en soutenant le projet, appelle à une vigilance accrue pour éviter que les tensions locales ne s’aggravent.
Alors que TotalEnergies s’apprête à lever la force majeure et à redémarrer les opérations, le Mozambique LNG illustre les défis complexes d’investir dans des zones de conflit. Entre promesses économiques et réalités sécuritaires, ce mégaprojet gazier reste à la croisée des chemins.
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