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Afrique : l’essor de nouvelles puissances minières face à la demande mondiale

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Afrique : l'essor de nouvelles puissances minières face à la demande mondiale

L’Afrique, riche en ressources naturelles, voit son secteur minier se réinventer à l’heure où la demande mondiale pour des minéraux critiques atteint des sommets. Alors que des acteurs traditionnels du secteur continuent d’investir massivement, de nouveaux pays émergent avec des stratégies ambitieuses pour exploiter leur potentiel minier et attirer des investissements étrangers. Ces évolutions promettent de transformer le paysage économique du continent, longtemps dominé par des économies extractives.

Un rapport publié par l’Africa Policy Research Institute (APRI) le 20 janvier 2025 révèle une dynamique croissante de partenariats bilatéraux entre des États africains et des investisseurs étrangers. Ces accords vont au-delà des simples transactions commerciales pour intégrer des dimensions stratégiques et géopolitiques. Entre 2019 et 2023, 43 pays à travers le monde ont adopté des stratégies nationales sur les minéraux critiques, marquant un tournant dans la gestion des ressources naturelles à l’échelle mondiale. Pour l’Afrique, ces stratégies sont essentielles pour sélectionner les bons partenaires et exploiter de manière durable son potentiel minier.

Certains accords favorisent une coopération directe entre États, tandis que d’autres mettent en place un environnement propice à l’investissement privé, dont les effets peuvent se faire sentir plus lentement mais de manière plus pérenne. Parmi les nations africaines les plus actives, l’Afrique du Sud, la Zambie et la République Démocratique du Congo (RDC) se distinguent, ayant conclu plusieurs accords multilatéraux et bilatéraux dans des secteurs clés comme le cobalt, le cuivre et le lithium.

Un exemple frappant de cette évolution est le Libéria. Depuis le début de l’année 2025, le pays a renforcé sa position en tant qu’acteur stratégique dans le secteur minier africain. Le président Joseph Boakai, dans son discours sur l’état de la nation, a mis en avant l’énorme potentiel minier du Libéria, dont les réserves de minerais de fer, lithium, cobalt et uranium peuvent servir de moteur à une croissance économique durable. Le Libéria cherche à attirer près de 3 milliards de dollars d’investissements dans ses secteurs minier et extractif, avec des négociations actives avec des multinationales dans divers domaines.

Le secteur minier représente déjà 15 % du PIB libérien, et les récentes études géologiques laissent entrevoir de nouvelles opportunités pour booster cette contribution. En 2021, le pays a enregistré un chiffre record avec plus de 660 millions de dollars de revenus miniers. La hausse de la demande mondiale, en particulier pour les métaux stratégiques liés aux technologies vertes et numériques, contribue à cette croissance.

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Les tendances mondiales – notamment la transition vers l’énergie verte et l’accélération de la digitalisation – ont placé les minéraux critiques au centre des préoccupations internationales. Selon l’Agence internationale de l’énergie, la demande pour ces ressources, notamment le lithium, le cobalt, et les terres rares, pourrait être multipliée par six d’ici 2050, atteignant une valeur marchande estimée à 400 milliards de dollars.

Cela place l’Afrique, riche en ressources minérales, au cœur des stratégies géopolitiques mondiales. Les pays du continent prennent conscience de l’importance de leurs ressources, non seulement pour soutenir la transition énergétique mondiale, mais aussi comme un enjeu de sécurité nationale. En réponse à ces défis, de nombreux dirigeants africains ajustent leur approche, choisissant leurs partenaires avec une grande prudence afin de maximiser les bénéfices économiques à long terme et d’assurer une gestion stratégique de leurs ressources.

Les acteurs traditionnels du secteur minier, comme la Chine, continuent de dominer l’Afrique, notamment dans des pays clés tels que la RDC et la Zambie. Cependant, de nouveaux investisseurs émergent, notamment des pays du Golfe. Les Émirats arabes unis, à travers des investissements tels que l’acquisition de Mopani Copper Mines en Zambie pour 1,1 milliard de dollars, illustrent cette tendance. L’essor de ces nouveaux investisseurs contribue à diversifier les partenariats dans le secteur minier africain et à accroître les flux d’investissements, notamment dans des projets de grande envergure.

La Zambie, qui connaît un regain de production de cuivre, en témoigne : en 2024, la production de cuivre a augmenté de 12 %, avec des prévisions de production de 150 000 tonnes pour 2025. Cette croissance est alimentée en grande partie par les investissements étrangers, dont l’impact se fait déjà sentir sur les capacités de production.

Malgré ces opportunités, le rapport de l’APRI souligne l’absence de transparence dans de nombreux accords miniers africains. Les contrats restent flous et souvent non contraignants, ce qui limite l’attrait pour les investisseurs à long terme. De plus, des incitations financières, comme des financements préférentiels, seront nécessaires pour attirer des investissements substantiels. Il reste également à garantir que les bénéfices des ressources minérales profitent réellement aux populations locales et à l’économie des pays producteurs.

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Le secteur minier africain se trouve à un tournant décisif. Si les pays africains parviennent à bien gérer les nouvelles opportunités offertes par la demande mondiale en minéraux critiques, ils peuvent transformer leur économie, en particulier en diversifiant leur modèle de développement et en attirant des investissements internationaux. Cependant, la clé du succès réside dans la capacité des dirigeants africains à négocier des partenariats équilibrés, à garantir une transparence accrue et à s’assurer que le secteur minier contribue de manière durable et inclusive à la prospérité du continent.

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