Ultimatum de Barrick Gold au Mali : suspension des opérations à Loulo-Gounkoto en vue

La tension s’intensifie entre l’État malien et l’exploitant minier canadien Barrick Gold, alors que ce dernier menace de suspendre ses opérations dans le complexe de Loulo-Gounkoto, l’un des plus grands sites d’extraction aurifère au monde. Cette crise survient dans un contexte de renégociation des accords miniers, marquant la volonté de Bamako de renforcer son contrôle sur les richesses naturelles du pays.

Le 6 janvier, Barrick Gold a annoncé que les autorités maliennes avaient émis une « ordonnance de saisie conservatoire » sur les stocks d’or issus de la mine de Loulo-Gounkoto, située dans le sud du Mali. Bien que l’entreprise n’ait pas précisé le volume saisi, cette décision bloque l’expédition de l’or extrait, perturbant les activités opérationnelles.

Dans un communiqué, la compagnie dénonce cette mesure, affirmant qu’elle affecte gravement « les 8 000 employés, les fournisseurs locaux et l’ensemble de l’économie régionale ». Barrick Gold a fixé un délai de quelques jours pour résoudre la situation, faute de quoi elle menace de suspendre temporairement ses opérations.

Le gouvernement malien, sous la houlette de la junte militaire, poursuit une politique de réappropriation des ressources naturelles, visant à maximiser les bénéfices pour l’État. Cette initiative inclut une redéfinition des partenariats avec les multinationales exploitant les mines d’or, un secteur clé représentant près de 15 % du PIB malien.

Barrick Gold a indiqué être prête à « accroître la part de l’État dans les bénéfices » et souhaite résoudre les différends de manière amiable, tout en engageant une procédure d’arbitrage international. Cependant, la saisie des stocks d’or illustre la volonté de Bamako d’imposer sa vision, quitte à provoquer des tensions avec ses partenaires étrangers.

Cette affaire s’inscrit également dans un climat de défiance marqué par des accusations de blanchiment de capitaux. En décembre, le gouvernement malien avait émis des mandats d’arrêt contre le PDG de Barrick Gold, Mark Bristow, ainsi que contre le directeur général de la mine de Loulo-Gounkoto, Cheikh Abass Coulibaly. Ces accusations, bien que niées par Barrick Gold, ajoutent une dimension juridique complexe à une situation déjà tendue.

Le complexe minier de Loulo-Gounkoto est une infrastructure stratégique pour le Mali, représentant une part significative de ses exportations d’or. Une suspension des activités pourrait avoir des conséquences importantes non seulement sur l’économie locale, mais aussi sur les marchés internationaux de l’or.

Le bras de fer entre Bamako et Barrick Gold illustre les défis croissants auxquels sont confrontées les compagnies minières internationales dans un contexte de renégociation des rapports de force avec les États africains.

La résolution de ce conflit sera déterminante pour l’avenir des relations entre le Mali et ses partenaires étrangers dans le secteur minier, et pourrait servir de précédent pour d’autres pays africains cherchant à renforcer leur souveraineté économique.